Tables et voyages

Vendredi 14 juillet

Nous prenons notre dernier petit déjeuner à l’hôtel et laissons nos bagages à la réception afin d’être plus à l’aise pour notre journée de visite. Nous prenons la ligne verte (JY) du métro et une demi-heure plus tard, arrivons à Yanaka. Ce quartier du nord de Tokyo a été préservé aussi bien du tremblement de terre de 1923 que des bombardements de 1945 et offre un visage paisible et ancien, aux antipodes de la modernité ambiante. On y trouve un grand nombre de maisons en bois, temples, sanctuaires et cimetières, d’où l’impression de faire un véritable saut dans le Tokyo de jadis. Une promenade bienfaisante dans un lieu de beauté et de sérénité.

Nous nous offrons une petite pause gourmande pour déguster des dorayaki, sorte de sandwich constitué de deux pancakes fourrés à la crème de haricots rouges pour la version traditionnelle, mais déclinés aussi dans différentes autres saveurs, telles que matcha et châtaigne, pour lesquelles nous optons.

Nous poursuivons à pied jusqu’au parc d’Ueno. Le 1er shogun y fit construire plusieurs temples au XVIIe siècle et ceux qui lui succédèrent poursuivirent sur cette lancée. On y trouve donc un nombre impressionnant de temples et sanctuaires, mais aussi plusieurs musées implantés dans un cadre idyllique. Plus au sud du parc, on se promène sur les berges d’un lac couvert de lotus et de nénuphars.

Au terme de cette bien agréable promenade, nous prenons la ligne de métro orange (G) qui nous ramène à notre hôtel. Nous nous installons au bar le temps d'un rafraîchissement, puis récupérons nos valises avant de reprendre le métro, ligne rouge (M), en direction de Shinjuku. Nous avons en effet décidé de faire l’expérience d’un manga hotel, et avons réservé une nuit au Book and Bed Shinjuku, soit un grand espace bibliothèque riche de 4000 ouvrages, parmi les rayonnages desquels sont aménagés des casiers/couchettes en bois disposés en deux rangées superposées. Matelas, oreiller, drap, taie, couette fine et liseuse : le strict minimum pour un agencement on ne peut plus spartiate. La zone de lecture commune est joliment décorée et il règne partout une paisible ambiance de lecture. Des bouchons d’oreille sont néanmoins fournis à la réception, au cas où...

L’heure du repas a sonné, et nous nous rendons au Zaou, un restaurant de produits de la mer particulièrement original où le client pêche son propre poisson dans des viviers répartis autour des tables. Le poisson passe ensuite en cuisine, et on le déguste attablé sur le ponton d’un bateau qui semble flotter sur les bassins. Malheureusement, le restaurant affiche complet, et nous nous rabattons sur le Tempura Shinjuku Tsunahashi Souhonten, une maison fondée en 1923. Nous sommes installés au comptoir et pouvons admirer le cuisinier à l’œuvre. Crevettes, légumes, anguille et autres poissons sont trempés dans la pâte à frire et plongés dans un bain d'huile à 180°C. Délicieuse et croustillante à souhait, cette tempura est servie accompagnée de riz, soupe, divers condiments et thé. (57 euros pour deux).

Pour terminer la soirée, nous mettons le cap sur le Golden Gai, un mini-quartier des plus étonnants constitué d'une poignée de ruelles où s'alignent quelque 200 bars microscopiques (4 m² de moyenne). De quoi accueillir 8 personnes au maximum, patron compris. Nous optons au hasard pour l’un d’eux, et nous installons en compagnie d'autres clients japonais. L'un d'entre eux parle anglais et fait office de traducteur pour tout le monde. La promiscuité et l'alcool font bon ménage, et une chaleureuse convivialité règne autour du minuscule comptoir.

Nous regagnons notre hôtel en traversant le quartier de Kabuki-cho, avec ses enseignes et néons criards, ses salles de jeux, ses bars à hôtesses, les otaku brandissant les affiches des amours tarifées… Un monde en soi.