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Alexandre Dionisio, finaliste de Top Chef 2010, et étoilé au Michelin six mois après l'ouverture de son restaurant, gère de main de maître son établissement situé rue du Midi, 164, à Bruxelles, à un jet de pierre d'un certain Comme chez Soi. La salle, dont les murs sont ornés de panneaux non figuratifs vivement colorés, abrite une petite dizaine de tables dressées sobrement. Le chef et son équipe s'affairent dans une cuisine aux dimensions réduites.
Deux menus du soir figurent à la carte. Le petit menu propose quatre services pour 75 euros par personne. Le grand menu (pour lequel nous optons) en propose neuf pour 130 euros, forfait vin non compris.
L'apéritif est à peine servi qu'aussitôt commence une succession de mises en bouche, chaudes et froides, aussi goûteuses qu'inventives, comme un prélude multicolore au grand repas qui nous attend. Le service est impeccable, le personnel, sans prétention empesée, et même la timidité de l'un ou l'autre stagiaire est largement contrebalancée par l'ambiance décontractée des lieux.
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Quelques mises en bouche |
Le premier vin servi est un Menetou Salon blanc 2011, aux saveurs d'agrumes et de fruits de la passion, très long en bouche, qui accompagne de toute sa fraîcheur notre premier plat, un tourteau avec avocat, citron vert, espuma de tomates, daikon et mayonnaise de carcasses. Une présentation toute en finesse pour un plat qui allie fraîcheur, raffinement, et concordance des ingrédients.
Tourteau |
Dans nos verres, le Sauvignon fait place à un Pinot grigio 2012 Alois Lageder, aux notes fleuries légèrement épicées, avec une finale subtilement fumée. Ce vin convient parfaitement au plat suivant, un vitello tonnato accompagné de roquette, burrata, toast, huile d'olive et poudre de câpres. Une recette traditionnelle revisitée avec soin et élégance.
Vitello tonnato |
Le troisième plat servi est un saumon "Label Rouge" fumé minute, avec crème d'échalote, effeuillé de cresson, pâtes fraîches, œuf ozen et crispy de parmesan. Le poisson est idéalement cuit, l'harmonie des saveurs et des textures est parfaite, la présentation irréprochable,et le Pinot grigio toujours aussi délicieux.
Saumon "Label Rouge" fumé minute |
Pour la volaille qui suit, un "pattes jaunes" fermier avec écume d'ail des ours, tombée d'épinards, oxalis, petits gris de Namur et jus gras de poulet, le troisième vin proposé est un Tenuta delle Terre Nere Etna Rosso de 2011, d'une belle couleur rubis, à la bouche balsamique, quasi saline. Un vin plein de distinction qui se marie tout naturellement avec ce somptueux plat de volaille.
"Pattes jaunes" fermier |
Nous n'en sommes qu'à la moitié de cet étourdissant repas, et la magie se poursuit avec un turbot sauvage rôti au beurre salé, couteaux gratinés, gel de céleri vert, poudre de noisettes et asperges blanches. Une fois de plus, cette belle impression de redécouvrir des saveurs connues, grâce une préparation rajeunie, vivifiée. Le Chardonnay Les Jamelles 2011, avec ses notes de fruits et de fleurs blanches, ajoute sa note de fraîcheur citronnée à ce poisson exquis.
Turbot sauvage |
Suit un veau de lait aux morilles, petits pois, risotto, marjolaine et riz soufflé. Un plat particulièrement goûteux, présenté avec soin. La constante de ce repas se vérifie une fois encore : ingrédients simples, préparations raffinées et diversifiées, recettes traditionnelles revisitées. Les cuissons sont justes, les saveurs précises et dosées, et les dressages impeccables. Ce veau est dignement arrosé d'un Saint-Emilion Château Barberousse 2010, au bouquet de fruits rouges mûrs et avec une note de vanille.
Veau de lait |
Un mojito revisité vient rafraîchir les papilles, comme une parenthèse précédant les plats sucrés. Le dessert, des fraises belges à la crème de chocolat blanc, zeste de citron vert confit, biscuit russe, huile d'olive, glace vanille et poivre Timut du Népal, conjugue onctuosité et croquant en une polyphonie de saveurs. Le verre de Muscat de Rivesaltes du domaine de Blanes l'accompagne en douceur de ses notes d'agrumes.
Mojito revisité | Fraises belges |
Ce repas remarquable se conclut par un assortiment de mignardises diverses, chaudes et froides, agrémentées d'un délicieux café.
Quelques mignardises |
En conclusion, nous avons passé chez Alexandre une soirée mémorable. Le repas, aussi long que varié, nous a enchantés de la première à la dernière bouchée. Les vins étaient sélectionnés avec intelligence et sensibilité, et servis sans cette parcimonie qu'on déplore parfois dans certaines maisons de même catégorie. Les quelques mots échangés avec le chef nous ont permis de découvrir un homme passionné, entièrement dédié à son art, des plus accessibles malgré une médiatisation intense.
Même si le buget n'est probablement pas à la portée de toutes les bourses (ou de toutes les occasions), le rapport qualité prix est à la hauteur des prestations proposées. Pour environ 200 euros par personne pour le plus grand menu avec vins assorits, apéritif et café, on s'offre chez Alexandre des moments exceptionnels qui restent pour longtemps dans les mémoires.
Faut-il aller chez Alexandre ? Si vous en avez les moyens, réservez sans plus attendre. La seconde étoile n'est sans doute pas loin.
Catherine et Daniel