Jeudi 25 juillet : de Tampan Bonga à Rantepao
Nous sommes réveillés par la bonne odeur du café préparé par nos hôtes, qui nous concoctent un simple petit déjeuner composé de racines de manioc et de bananes frites. Nous commençons la journée par une bonne promenade de deux heures à travers le village et les rizières environnantes, en direction de Bangkelekila. Nous découvrons des paysages ruraux de toute beauté.
À l'issue de cette apaisante balade, nous prenons congé de notre charmante famille d'accueil et remontons en voiture, en direction de Sesean Matallo où se tient une autre cérémonie funéraire. En chemin, nous faisons une halte au pied d'un gros rocher creusé de multiples tombes. De l'arrière de ce rocher, des coups réguliers se font entendre : un homme est là qui creuse la roche à l'aide d'un marteau et d'un burin, peut-être son propre futur tombeau...
Nous arrivons à Sesean Matallo et rejoignons à pied le site des funérailles, celles d'un homme décédé depuis deux ans et de catégorie sociale élevée. Nous sommes au premier jour d'une cérémonie qui en durera cinq, et au cours de laquelle 100 buffles et à peu près 400 cochons seront sacrifiés, ce qui témoigne de l'importance de l'événement et du statut élevé du défunt. Parmi les animaux destinés au sacrifice, une dizaine de buffles albinos, appelés tedong bonga en sa'dan-toraja, considérés comme particulièrement précieux et sacrés, et vendus à des prix beaucoup plus élevés que les buffles ordinaires. Le coût de cette cérémonie est estimé à plus de 350 000 euros. Réunir une somme aussi importante pour des funérailles fastueuses représente un réel défi qui justifie pleinement le délai entre le décès et les funérailles.
On nous installe sur un des multiples pendopos et nous recevons des assiettes de porc grillé, fraîchement sacrifié. Nous nous promenons un peu sur le site et admirons un groupe de menhirs, représentant le lien entre le monde des vivants et celui des morts. La taille du menhir est en accord avec le statut social et la richesse de la famille du défunt. Le plus récemment érigé, et le plus haut du groupe, est bien entendu celui du défunt du jour.
Nous revenons au bord de la grande esplanade centrale de la cérémonie, et assistons à la longue et fastidieuse opération qui consiste à arrimer le corbillard du défunt ainsi que son Tau-tau sur de solides bambous. Un vaste cortège s'organise qui emmène le défunt et son Tau-tau par les rues du village, portés à mains nues par des dizaines d'hommes sous les exclamations d'une foule joyeuse. À l'issue de son périple, le cercueil est sorti de son corbillard et ramené à l'esplanade où il est hissé au sommet du grand pendopo central.
Peu après, des combats de buffles sont organisés. Ces mapasilaga tedong sont considérés comme une démonstration de respect envers le défunt et servent à divertir les invités. Le spectacle est impressionnant et plutôt cruel, car ces animaux n’ont pas envie de se battre et y sont contraints, leurs puissantes cornes occasionnant de sanglantes blessures.
L'heure est venue de reprendre la route en direction de Rantepao pour retrouver la quiétude chic du Santai Toraja, notre hôtel. Nous prenons notre repas du soir sur place.
Vendredi 26 juillet : Rantepao - Makassar
L'essentiel de cette journée est consacrée au long trajet de retour en voiture à Makassar. Nous refaisons tout simplement en sens inverse la route parcourue trois jours plus tôt, avec les mêmes haltes à Bamba Puang et Pare Pare, où nous dégustons les mêmes crevettes et dorades grillées, accompagnées de jus de coco. Il est environ 17h30 lorsque nous arrivons à notre hôtel, le Harper Perintis, une adresse confortable, moderne et neutre, dont le principal atout est sa proximité avec l'aéroport. Pour faire passer le temps et se détendre après ces longues heures de voiture, Catherine s'offre un petit massage d'une heure à 17 euros.
Le soir venu, nous nous installons au restaurant de l'hôtel, et commandons un sarabba en guise d'apéritif. Cette boisson typique de Makassar est faite de lait de coco, gingembre, sucre de palme et pandan.
Catherine commande un gado-gado, mélange de légumes frais et cuits accompagnés d'une sauce aux cacahuètes et servis avec des œufs durs, du tofu et du krupuk. Proposé au menu en guise d'entrée, ce gado-gado est à ce point généreux que Catherine est incapable de venir à bout de son assiette. Quant au big black and white burger commandé par Daniel, il se concrétise sous la forme de deux sidérantes monstruosités d'un bon demi-kilo chacune, apportées à table par une serveuse hilare, absolument ravie de cette pantagruélique plaisanterie.