Une ancienne maison aux allures de fermette sert d'écrin au restaurant Maxime Colin, situé au numéro 1 du Chemin des Curés, à Crainhem, dans le parc du château Jourdain, au bord de l'eau. Nous ne profitons malheureusement pas de cet environnement bucolique, car la nuit est tombée lorsque nous arrivons sur place à 19h30. Nous peinons quelque peu à trouver un emplacement de parking à proximité de l'établissement, et sommes accueillis par un personnel aussi serviable qu'avenant qui nous guide à notre table. La salle du rez-de-chaussée est de dimension moyenne, meublée et décorée sobrement, avec un parquet clair et un faux-plafond noir piqueté de multiples petites lampes, dans l'esprit d'un ciel étoilé. Une autre salle est disponible à l'étage.
Nous optons pour le menu en cinq services, proposé à 120 euros, accompagné d'un selection de vins (55 euros). Pour l'apéritif, nous recevons une coupe de champagne Veuve Fourny & Fils, Blanc de Blancs, premier cru. Rondeur, vivacité et équilibre sont au rendez-vous. Suit notre première triple dégustation : moule bouchot en sphérification avec sésame soufflé et mayonnaise soja ; croustillant avec royale de foie de volaille et betterave rouge ; et meringue salée avec chou-fleur et pickles de champignons chinois. Ces trois jolies bouchées se caractérisent par la finesse des saveurs, et les associations sans équivoque des produits travaillés.
La dégustation suivante est une composition autour du céleri-rave, avec émulsion au saké et yuzu et tuile au sésame. Nous retrouvons la précision des goûts exprimée dans les bouchées précédentes, et apprécions également le jeu des textures qui s'opposent et se complètent harmonieusement.
La première assiette proprement dite est une noix de Saint-Jacques bretonne, avec spiruline, pointes d'asperges, brocolis et vinaigrette de dashi fumé. Cette attrayante préparation nous séduit par la douceur nacrée des Saint-Jacques, associée aux notes marines de la spiruline et l'acidité subtile de la vinaigrette de dashi. La très enthousiaste sommelière nous fait découvrir un vin basque, un Tantaka blanc Juanjo Tellaetxe dont les notes de pommes verte et la salinité se marient admirablement avec la Saint-Jacques.
Notre sommelière nous propose maintenant la cuvée L'inattendu 2022 du domaine Les Davids dans le Vaucluse, à base de Cinsault, Viognier et Chardonnay, dont la structure tannique et le côté gourmand secondent judicieusement nos queues de langoustines normandes rôties, presque mi-cuites, servies avec une royale de navet, une émulsion bisquée et des herbes fraîches. Un plat bien maîtrisé.
Nous recevons maintenant le plat proposé en supplément pour le menu 5 services, un œuf cuit à 64,5 degrés servi avec trompettes de la mort et émulsion au foie gras, le tout généreusement agrémenté de truffe blanche d'Alba râpée sous nos yeux. Un plat automnal tout en rondeur, que vient fouetter une cuvée Only for my friends du domaine du Grangeon en Ardèche, à base de 95 % d'Ugni blanc, présentant un côté tourbé ainsi qu'une jolie fraîcheur, idéale pour casser le gras de l'œuf.
Notre verre suivant est un vin de Touraine, 'le bois Jacou' 100 % Gamay de Jean-François Mérieau, qui présente du corps et du caractère ainsi qu'une pointe de fraîcheur pour accompagner les noisettes de chevreuil rôti, carottes chantenay, pamplemousse confit, café, jus de rôti, un plat plus classique dans sa conception.
Nous voici arrivés au dessert, un croustillant et crémeux au safran, avec poires caramélisées et sorbet au kalamansi, un dessert agréable accompagné par notre dernier vin, un Tokaj, Furmint Gizella Szamorodni présentant une note légèrement safranée ainsi qu'un bel équilibre.
Pour accompagner notre expresso, nous recevons des chatines (amandes enrobées dans du chocolat blanc et cacao) ; de l'ananas poché dans un sirop à base de thé aux fruits rouges et hibiscus aux feuilles de shizo ; une tartelette à base de sablé breton à la fleur de sel avec crème brûlée renversée à la vanille ; et un loukoum glacé à la kriek enrobé de noix de coco torréfiée.
En résumé, nous avons passé un très bon moment de table chez Maxime Colin. Le menu proposé est équilibré à tous points de vues, et les assiettes qui se succèdent sont réalisées avec soin et justesse de ton. Peut-être, toutefois, manque-t-il cette petite touche de folie, d'audace, de peps créatif qui transmue un plat en une véritable expérience, au-delà de sa parfaite exécution. Les vins servis sont admirablement coordonnés aux plats, et présentés avec passion par l'irrésistible sommelière Stephanie Pierre. Question prix, nous nous en tirons avec une ardoise de 198 euros par personne, tout compris : un rapport qualité/prix un tout petit peu supérieur à la moyenne.
Faut-il aller chez Maxime Colin? Oui, avec la garantie de passer une excellente soirée gastronomique.