Mardi 25 juillet
Après un petit déjeuner à l'hôtel, aussi morne que celui de la veille, nous prenons un Uber (environ 17 euros) pour nous rendre à la Camellia Garden Teahouse, une maison traditionnelle centenaire où nous avons réservé un chanoyu (cérémonie du thé). Nous sommes accueillis par Atsuko Mori, une très charmante dame qui organise des chanoyu à l'intention de visiteurs étrangers depuis plus de dix ans. Après une discussion informelle et quelques explications sur la signification et le déroulement de la cérémonie, notre hôtesse revient vêtue d'un kimono et nous apporte à chacun une petite douceur (mochi) afin de préparer notre palais en vue de développer la saveur du thé.
Nous passons ensuite dans la salle de thé, ou chashitsu, un espace particulièrement épuré : tatamis, ikebana, citation murale et porte-encens.
Après les étapes préliminaires (entrée dans le chashitsu, placement et nettoyage symbolique des ustensiles), notre hôtesse entame la préparation du thé proprement dite en mesurant soigneusement la poudre de thé macha à l'aide du chashaku, une fine écope de bambou. La petite dose de poudre est alors versée dans le bol traditionnel (chawan). Notre hôtesse y verse l’eau chaude, puis mélange à l’aide du chasen, fouet sculpté dans une seule pièce de bambou, jusqu’à obtention d’une consistance mousseuse. Les gestes précisément codifiés s'enchaînent en une lente chorégraphie. Avec courtoisie, Madame Mori présente le bol à Daniel, en le tenant des deux mains. Il convient de s'en saisir de la main droite pour le déposer dans la paume gauche, puis de faire pivoter légèrement le bol afin de ne pas boire du côté décoré. Une fois le thé terminé, un léger bruit de succion est requis pour signifier que l’arôme et le goût ont été appréciés, avant de déposer le bol devant soi. Notre hôtesse réitère ensuite le rituel entier pour Catherine. La cérémonie dure plus d'une heure, et s’apparente à un acte de méditation dont nous ressortons charmés et apaisés.
En une vingtaine de minutes de trajet, un Uber nous mène à Arashiyama et sa célèbre bambouseraie, à l’ouest de Tokyo. Un chemin traverse une dense forêt d'immenses bambous, hauts de plusieurs dizaines de mètres, qui bruissent et craquent sous l'effet du vent. L'atmosphère est féérique, malgré l’affluence assez conséquente des visiteurs.
Nous visitons ensuite le temple Tenryu-ji, le plus important et l’un des plus anciens de Kyoto, dont la fondation remonte au XIVe siècle. Nous déambulons longuement parmi les allées du magnifique jardin Sogenchi-teien, avant de partir à la découverte de la villa Okochi Sanso et son jardin à flanc de colline qui s'étend sur près de 3 hectares. Ce site est d'autant plus enchanteur que les visiteurs ne s'y bousculent pas, à l'instar du temple Gio-ji dont le jardin de mousse dense et luxuriante offre une expérience quasi mystique.
D'un coup d'Uber, nous nous rendons en vingt minutes au Pavillon d’Or ou Kinkaku-ji, un temple bouddhiste couvert de feuilles d’or qui se reflète magiquement dans l'étang Kyōko-chi et dégage une troublante beauté.
Une autre demi-heure de trajet en Uber, et nous voici au Kiyomizu-dera, un complexe de temples bouddhistes et shintoïstes. Le pavillon principal (hondo) est établi sur une plateforme en bois, construite sans clous ni vis, et surplombe la pente de la colline. Kiyomizu signifie ‘eau pure’, en référence à la cascade Otowa, située à proximité. On utilise des gobelets attachés à des perches pour boire l’eau qui s'écoule en trois filets, et formuler le vœu correspondant : réussite des études, succès amoureux ou longévité. Avec ses 31 mètres de hauteur, la rutilante pagode à trois étages est l'une des plus grandes du Japon.
Un dernier Uber nous ramène à notre hôtel (dix minutes de trajet), où nous prenons une douche rapide avant de repartir à pied (20 minutes) au restaurant Inayoshi, qui sert une cuisine kaiseki dédiée au bœuf de Kyoto, célèbre pour la douceur de son arôme. On nous installe à une table basse entourée de chaises sans pieds dans un petit salon individuel fermé par une cloison. Notre serveuse en kimono nous présente notre menu, une succession de plats artistiquement dressés, mettant en valeur les produits de saison et les ingrédients locaux. Le bœuf proprement dit est proposé dans différentes déclinaisons qui soulignent sa saveur moelleuse. Le plat principal est un sukiyaki : de fines tranches de bœuf cuites dans une sauce warishita sucrée, trempées ensuite dans de l'œuf battu. Succulent ! Nous accompagnons le tout de bière et de saké. L’addition s’élève à environ 100 euros par personne.