Tables et voyages

Mardi 16 août

Après un copieux et savoureux petit déjeuner pris chez nos hôtes, nous reprenons le traversier afin de quitter l’Isle-aux-Coudres. Nous visitons le Musée maritime de Charlevoix à Saint-Joseph-de-la-rive (11 euros l’entrée, par personne), où nous suivons une intéressante visite guidée présentant par le menu la fabrication des goélettes, de la fin du 18e siècle aux années 70. Le musée est installé sur le site de l’ancien chantier naval.

Nous mettons ensuite le cap sur Baie-Saint-Paul, une mignonne petite ville aux jolies maisons colorées, placée sous le signe des galeries d’art. L’endroit est néanmoins très touristique, et nous ne nous y attardons pas outre mesure.

100 kilomètres nous séparent encore de la ville de Québec, où nous avons réservé notre chambre au B&B de la Fontaine (162 euros la nuit). Aménagé dans un bâtiment ancien avec des meubles vintage, l'établissement est situé dans le secteur du Vieux-Québec, une position à la fois commode pour la visite de la ville et problématique pour la question du stationnement. Nous optons pour la solution du parking public (12,5 euros par 24 heures).

Nous profitons des dernières heures de l’après-midi pour découvrir le centre historique de la ville. Celle-ci fut fondée il y a plus de quatre siècles, et il y règne une ambiance quasi européenne. Avec ses maisons et monuments anciens en pierre grise et ses rues étroites, Québec se démarque des villes à l’américaine comme Toronto ou Montréal. Nous passons par le superbe et incontournable château Frontenac, construit en 1892 pour le compte de la compagnie canadienne des chemins de fer. Nous nous promenons ensuite sur la terrasse Dufferin, toute en bois et longue de plus de 400 mètres, puis flânons au gré des rues jusqu'à l'heure du repas.

Notre table est réservée aux Anciens Canadiens, un restaurant installé dans une maison historique, qui propose une authentique cuisine québécoise, savoureuse et roborative. Nous y recevons une tourtière du lac Saint-Jean, un mignon de porcelet ainsi qu’un 'régal de Grand-mère', le tout avec vin, entrée et dessert au choix, soit une ‘table d’hôte’ proposée au prix de 59 euros par personne.

Mercredi 17 août

Nous commençons la journée sans passer par la case petit déjeuner : en raison des règles Covid, ce service n'est temporairement pas fourni par notre B&B. Nous passons par le grand parc urbain des plaines d’Abraham, toutes proches, et le jardin Jeanne-d’Arc, somptueux avec ses quelque 150 espèces végétales différentes. Nous nous rendons ensuite au bâtiment de l'Assemblée nationale du Québec, construit en 1877 dans un style Second Empire. La visite est gratuite, moyennant présentation obligatoire d’une pièce d’identité.

Situé en contrebas de la terrasse Dufferin, le quartier Petit-Champlain est à la fois le plus pittoresque et le plus touristique de la ville. Nous passons notamment par la place Royale, la Batterie royale et la très ancienne rue du Petit-Champlain, admirons au passage la gigantesque fresque des Québécois en trompe-l'œil, et avons une discussion très intéressante sur les différences des modes de vie avec une commerçante française, installée à Québec depuis deux ans.

Nous prenons un peu de repos à l’hôtel avant de repartir pour la Buvette Scott, un restaurant réputé pour son travail de qualité avec de bons produits. Nous y dégustons un gnoccho frit avec hareng fumé et œufs de saumon, une assiette de bourgot, crème de laitue et sabline, ainsi qu’une préparation d’aubergine, capicollo d’agneau, radicchio et basilic. Nous commandons également un délicieux pain au levain maison ainsi que du vin au verre. Nous clôturons ce repas particulièrement soigné par un sorbet aux framboises noires et un parfait glacé au mélilot, granité framboise, pêche et shortcake. L’addition s’élève à 38,5 euros par personne.

Jeudi 18 août

La première visite du jour (qui sera finalement la seule, voir plus loin) est pour le musée de la Civilisation (14 euros par personne), un espace remarquable où sont magnifiquement présentés les modes de vie ancien et actuel des Premières Nations. Une exposition intéressante au plus haut point, qui laisse une impression de tristesse quant au sort des nations autochtones du Québec, progressivement dépouillées de leur identité par les tentatives de christianisation et d'assimilation, la création de réserves, etc. Le musée présente également une exposition temporaire, ludique et intéressante, sur le sujet pour le moins étonnant des... matières fécales.

Pour notre petit déjeuner-lunch, nous nous installons au Chic Shack, une adresse réputée notamment pour ses poutines haut de gamme. De fait, nous y dégustons une version incomparablement meilleure que celle du parc Oméga. L’addition s'élève à10 euros par personne.

La pluie tombe sans discontinuer depuis ce matin, et nous décidons de reprendre notre voiture pour aller visiter l'Aquarium du Québec, situé à une bonne quinzaine de kilomètres du centre-ville. Il est un peu plus de trois heures de l'après-midi lorsque nous démarrons, mais les embouteillages dus aux travaux sont tels qu’au bout de plus d’une heure de route, nous ne sommes encore qu'à mi-chemin de notre destination. Il n'est donc techniquement plus possible d'arriver à temps pour une visite utile, et nous décidons de faire demi-tour. Dans l’autre sens, la circulation est un peu moins encombrée, malgré les nombreuses routes barrées. À l'arrêt à un carrefour, nous sommes emboutis par la voiture qui nous précède. Nous nous garons un peu plus loin de manière à ne pas entraver la circulation, et commençons à remplir un constat à l'amiable. Comme nous conduisons un véhicule de location, nous ne sommes pas en possession de certaines informations demandées dans le formulaire du constat. Nous téléphonons à l’agence Thrifty, où on nous dit qu’il convient d'introduire une déclaration de constat sur le site de la police en ligne. Nos recherches sur ce site sont sans succès, et nous appelons la police, qui décide d’envoyer un agent sur place. Le policier arrive peu après, et déclare… que remplir le constat à l'amiable suffisait ! Toute cette mésaventure aura duré plus de deux heures.

Nous regagnons le centre-ville, remettons la voiture au parking, puis partons à la recherche d’un établissement pour notre dîner. Il reste des places au comptoir de Chez Boulay, bistrot boréal. Pour nous remettre de nos émotions et clôturer dignement la dernière journée de notre voyage, nous nous faisons plaisir : cocktails, joue de bœuf, bison grillé, vin au verre et desserts, pour une addition tout de même assez conséquente de 68 euros par personne.

Vendredi 19 août/ samedi 20 août

Nous quittons notre B&B vers 6h15, reprenons la voiture au parking, puis mettons le cap sur l’aéroport de Montréal, situé à 280 kilomètres (3 heures de route). La restitution de notre voiture se déroule sans la moindre difficulté, et nous montons à bord de notre premier avion à destination de Washington (2 heures de vol). Le temps d'escale est de moins de deux heures, et il est 18 heures précises lorsque décolle notre vol transatlantique vers Zaventem. Nous atterrissons le lendemain matin, à huit heures.

En résumé, ces vacances auront offert une belle alternance de nature, patrimoine et milieux urbains. Que ce soit le temps d’une promenade en bateau, sur des sentiers de randonnée à travers de vastes parcs naturels, sur les traces du passé dans de jolis villages anciens ou au fil des rues de grandes cités, le Canada offre une diversité appréciable. Les Canadiens sont très avenants et jamais avares d’une conversation avec les francophones européens que nous sommes, ce qui multiplie les occasions de savourer cet accent et ces expressions si pittoresques à nos oreilles. Nous avons également été agréablement surpris par le niveau de qualité de la restauration, bien supérieur à celui que nous avions connu aux Etats-Unis. La malbouffe est certes omniprésente, mais on trouve aisément de bonnes petites adresses proposant une cuisine au minimum honnête. Le Canada se distingue par ses multiples restaurants ethniques d’excellente qualité, mais propose également une cuisine canadienne classique honorable. Les prix des visites, des restaurants et des hôtels sont relativement élevés, surtout avec l’actuelle dépréciation de l’euro. Seul le carburant est nettement meilleur marché que chez nous, même en cette période géopolitiquement troublée. Nous n’avons en effet payé qu’environ 200 euros pour les quelque 3200 kilomètres parcourus.

Il s’agit d’une manière générale d’un voyage relativement onéreux, qui nous aura coûté environ 3600 euros par personne pour les trois semaines, vol, voiture, hôtels, visites et restaurants compris. 

Faut-il aller au Canada ? Certainement ! Les amateurs de nature et de grands espaces seront ravis. Si la culture indienne est très peu visible, les villes sont intéressantes et les petits villages historiques offrent un agréable saut dans le temps.