Mercredi 10 avril (fin)
Nous arrivons à Kogon à 22h30, puis prenons une voiture qui nous conduit à Boukhara. Le Volida est un hôtel neuf mais aménagé de manière traditionnelle et situé à deux pas du centre historique. Il est déjà tard, la pluie se met à tomber, et nous ne trouvons plus de restaurant ouvert à proximité. Nous nous contentons de quelques fruits achetés dans une épicerie en guise de repas du soir.
Jeudi 11 avril
Après notre petit déjeuner à l’hôtel, nous commençons notre visite par la place Liab-i-Haouz, la place principale du centre, avant d’admirer la madrasa Tchor Minor et ses quatre tours, et poursuivons avec le complexe mémorial de Bahaouddin Naqshbandi, sans conteste le lieu le plus vénéré de la région. La dernière halte de ce matin est pour le palais Sitoraï Mokhi Khossa, l’ancienne résidence d’été des émirs de Boukhara.
Nous faisons une pause lunch dans un petit resto où nous goûtons à de nouvelles spécialités locales, un peu grasses et fades, puis reprenons le cours de nos visites. Au programme de cet après-midi, le mausolée des Samanides, celui de Tchashma Ayoub, les madrasas Ouloug Beg et Abdullaziz Khan, le minaret Kalon et la mosquée adjacente.
Après toutes ces remarquables visites, nous nous offrons une pause au Bozori Kord, un hammam du XIVe siècle, le plus vieux de la ville, et y passons plus d’une heure pour un soin complet : passage dans plusieurs salles à différentes températures, gommage et massage énergiques, effectués par un viril Ouzbek en pagne, et friction tonique au gingembre et miel, sans oublier le thé final servi avant de quitter les lieux. Le tout pour le prix on ne peut plus abordable de 15 euros.
Après cette mémorable séance, nous revenons à la place principale et nous installons dans la cour de la madrasa Nadir Divan-Begui, où nous assistons à un spectacle de musique et de danse traditionnelles, combiné à un défilé de mode. Un show à l’évidence destiné aux touristes, mais qui n’en reste pas moins d’excellente qualité. Nous terminons la soirée au restaurant Minzifa où nous prenons notre repas du soir, suivi d’une petite chicha.
Vendredi 12 avril
Le petit déjeuner pris, nous entamons les visites du matin par le mausolée d’Ismaïl Samani, construit vers 900.
Nous admirons ensuite la mosquée Bolo Khaouz, avec ses boiseries peintes et ses colonnes sculptées, avant de passer au mausolée de Tchachma-Ayoub, lequel abrite, outre la source dont est tiré son nom, un intéressant musée consacré à la gestion de l’eau. Nous nous rendons ensuite au bazar tout proche, et flânons dans les différentes allées, essentiellement consacrées aux épices, fruits et légumes.
Notre dernière visite de la journée est pour l’Ark, autrement dit la citadelle. Si près de 80% de la forteresse sont en ruines, cachés derrière les murs qui encadrent la porte, plusieurs salles bien restaurées abritent tiennent lieu de musée.
Après notre pause lunch, nous nous promenons encore au fil des échoppes des rues, et faisons quelques emplettes avant de prendre la direction de la gare et de monter à bord de l’Afrosiyab, le TGV qui nous conduit à Samarcande en 1h45 chrono (215 km).
Nous atteignons notre destination vers 17h30 et prenons une voiture pour nous rendre de la gare, située à l’extérieur de la ville, jusqu’à notre hôtel, l’Emir Khan, un établissement assez luxueux mais dont la décoration kitschissime, aux dorures et à la rutilance extravagantes, n’est pas forcément proche du goût occidental. De plus, l’hôtel est situé loin du centre-ville, ce qui n’est pas très pratique. Nous prenons donc un taxi pour nous rendre au restaurant du soir, le Platan, considéré comme une des meilleures adresses de la ville. De fait, nous y faisons un excellent repas dans un petit salon privé, pour une addition qui n’excède toutefois pas l’équivalent de 16 euros pour deux, bouteille de vin comprise.
Samedi 13 avril
Après un excellent petit déjeuner à l’hôtel (le meilleur de notre séjour), nous partons pour l’incroyable Registan, soit la place historique de la ville, entourée par trois madrasas aussi imposantes que superbes. Chacune de ces monumentales façades cache une cour intérieure tout aussi richement ornée.
Nous poursuivons jusqu’à la mosquée Bibi-Khanoum, qui fut en son temps la plus grande mosquée du monde musulman. Bibi Khanoum était l’épouse chinoise de Tamerlan et avait supervisé l’achèvement de la construction de la mosquée en l’absence de son époux, parti en campagne. Selon la légende, l’architecte serait tombé amoureux d’elle et lui aurait demandé un baiser pour achever les travaux. Le baiser laissa cependant une trace, que Tamerlan découvrit à son retour, suite à quoi il fit exécuter l’architecte.
Notre visite suivante est pour le Bazar Siyob, un vaste marché couvert proposant toutes sortes de produits alimentaires, des fruits et légumes aux épices. Pour notre lunch, notre guide nous emmène dans une sorte de cantine où on ne sert que du plov, le meilleur de la ville paraît-il. Cette préparation à base de riz, de légumes et de viande de mouton est effectivement délicieuse, et nous nous régalons, seuls touristes perdus parmi les nombreux convives locaux fréquentant les lieux.
Nous sortons de table et partons pour la visite du mausolée Gour Emir, lieu de sépulture de Tarmerlan, deux de ses fils et deux de ses petits-fils, un magnifique bâtiment au dôme azuré cannelé.
Nous prenons notre repas du soir au Samarkand restaurant, une expérience malheureuse en raison d’un service particulièrement aléatoire et d’un karaoké… trop bruyant.
Dimanche 14 avril
La journée commence avec la visite du musée dédié à Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan et fameux astronome. On peut admirer sur le site la base du sextant de l’observatoire d’Ulugh Beg, construit en 1420.
Nous nous rendons ensuite à la nécropole Chah-i-Zinda, une avenue de mausolées renfermant certaines des plus somptueuses mosaïques du monde musulman. Le site est magnifique et attire les foules, ce qui rend la visite un peu chaotique.
La dernière étape du jour s’avère un peu plus anecdotique : le tombeau de Daniyar, long de 18 mètres, renfermerait selon la légende le corps du prophète Daniel de l’Ancien Testament, lequel grandirait de 2,5 cm par an. Un joyeux et lucratif mélange de légendes musulmanes et juives, parfaitement improbable. Nous prenons notre dernier repas à Samarcande accompagnés de notre guide, lequel nous invite à un véritable festin de préparations ouzbèkes, le tout dûment arrosé de vodka. En effet, les musulmans d’Ouzbékistan lèvent le coude avec plaisir et sans le moindre remords !
Nous passons notre dernière heure à Samarcande dans un parc d’attractions qui attire de nombreux enfants et adolescents, et prenons plaisir à regarder toute cette jeunesse qui s’amuse et s’enthousiasme.
Il est temps de quitter, à regret, notre adorable guide Nasrullo, qui ne nous accompagnera pas pour la toute dernière étape de notre séjour. Nous nous dirigeons vers la gare et montons à bord d’un autre Afrosiyab, qui nous mène à Tashkent en un peu moins de 2h30.
Il s’avère que notre réservation n’a pas été prise en compte, et comme l’hôtel affiche complet, nous nous mettons en quête d’une autre adresse. Nous poussons la porte de plusieurs vieux hôtels russes lugubres et déprimants, où nous ne pouvons nous résoudre à passer la nuit. D’autres hôtels plus corrects affichent complet eux aussi, et nous nous rabattons faute de mieux sur un petit établissement destiné à la clientèle locale, très récemment aménagé… mais dégageant une solide odeur de peinture fraîche.
Lundi 15 avril
Après un petit déjeuner des plus rudimentaires, nous effectuons encore quelques emplettes avant de visiter le métro de Tashkent, qui fut construit dans les années 1970, sous l'ère soviétique, avec des matériaux nobles.
Nous prenons notre dernier repas, une grillade, non loin de l'aéroport, puis embarquons à 15h40 à destination de Moscou, pour atterrir enfin à Bruxelles à 22h30.
En résumé, cette semaine en Ouzbékistan aura été une découverte pour nous, qui ne connaissions pas l'Asie centrale. Nous avons eu l'impression de nous retrouver dans un autre monde, notamment grâce à la somptueuse architecture des mythiques villes de la Route de la soie. Si nous avons eu un coup de cœur pour Khiva, nous avons également beaucoup apprécié Boukhara et Samarcande. Grâce aux restaurations de grande qualité, ces villes sont de véritables musées à ciel ouvert, mais sans pour autant paraître artificielles, car la vie locale y est très animée. Tashkent, notre point d'entrée et de départ du pays, nous a parue quant à elle un peu moins intéressante de par ses allures soviétiques.
Les habitants sont accueillants, sympathiques, toujours souriants - dévoilant parfois une superbe dentition en or ! Leur conception de l'Islam est assez différente de ce que nous avons pu découvrir jusqu'à présent : la vodka coule à flots, les jupes se portent courtes et, en dehors des mosquées et madrasas transformées en musées, hôtels ou restaurants, nous n'avons pratiquement pas vu de lieu de culte ni entendu d'appels de muezzins.
Autre caractéristique, la propreté omniprésente : pas un papier ne traîne et les habitants ont visiblement plaisir à entretenir leur pays. Il faut également noter que la bureaucratie est très présente : dans chaque hôtel, il est impératif de se faire remettre une attestation d'enregistrement, qui sera demandée à l'aéroport à la fin du voyage.
En ce qui concerne la gastronomie, le pays ne s'adresse clairement pas aux végétariens et constitue un défi pour les amateurs d'aliments diététiques ! La nourriture est relativement grasse, avec beaucoup d'agneau et de poulet sous la forme de grillades et plats mijotés, sans oublier le plov national.
Nous regrettons de n'avoir passé qu'une semaine dans ce beau pays sans avoir eu l'occasion de visiter la campagne. Une bonne raison d'y retourner et, pourquoi pas, de visiter les autres pays d'Asie centrale !
Côté budget, il s'agit d'un voyage très accessible. Le vol nous a coûté 500 euros et la vie sur place est extrêmement bon marché : un repas simple au restaurant coûte l'équivalent de 2 euros, et les transports intérieurs et hébergements sont tout aussi peu onéreux.
Faut-il aller en Ouzbékistan ? Certainement, et ne pas hésiter à y passer davantage de temps !