Tables et voyages

Vendredi 5 janvier

Nous prenons notre petit déjeuner, faisons nos adieux à notre hôte, et partons en tuk-tuk pour la gare routière, où nous montons dans un bus (50 cents) en direction de Bhavnagar, situé à 55 km de là. Le bus est bondé, mais nous parvenons néanmoins à nous faufiler parmi les passagers pressés les uns contre les autres. Nous arrivons à destination environ deux heures plus tard, et parcourons à pied la courte distance qui nous sépare du Nilambag Palace. Cet impressionnant palais reconverti en hôtel, richement orné de compositions florales, respire la grandeur et la magnificence du passé tant par l’ameublement et la décoration que par les nombreux tableaux et photos représentant les membres de la famille royale (88 euros la nuit, petit déjeuner inclus).

Notre chambre, équipée de deux lits à baldaquins, est gigantesque, à l’instar de l'immense salle de bains qui la jouxte.

Nous nous rafraîchissons quelque peu avant de prendre un tuk-tuk en direction du temple de Takhteshwar. Cet édifice de marbre blanc, érigé au sommet d'une colline, offre un point de vue panoramique idéal sur la ville en contrebas et le golfe de Cambay.

Nous nous rendons ensuite au réservoir Gangajalia Talav, situé tout à côté du cœur battant de la vieille ville. Nous passons une bonne partie de l’après-midi à nous promener dans ce quartier haut en couleurs, qui abrite notamment un immense marché de fruits et légumes, couvert en partie. Les marchands sont ravis de nous faire déguster leurs produits, dont certains nous sont parfaitement inconnus. Nous découvrons ainsi la douceur sucrée du singhara, soit la châtaigne d'eau, un fruit bulbeux ressemblant à un morceau de charbon recelant un cœur clair. Les mogri sont des radis queue de dragon, et se présentent sous la forme d'une fine et longue tige brun-rouge.

Après quelques heures de balade, nous rentrons à l’hôtel en tuk-tuk et prenons un peu de repos en attendant le dîner. Le restaurant de l’hôtel est réputé pour la qualité de sa cuisine, et nous nous régalons effectivement d'un excellent tandoori chicken accompagné de kulcha, une variété de naan à base de farine maida. Un grand verre de lait battu rafraîchit agréablement l'ensemble, suivi d'un petit dessert au chocolat et d'un thé (moins de 15 euros pour deux).

Samedi 6 janvier

Le petit déjeuner (omelettes, lassi et masala chai) est aussi savoureux que le repas de la veille, et nous quittons l'hôtel pleinement rassasiés. De la gare routière, un bus nous emmène à Ahmedabad (170 km) en un peu moins de cinq heures de route. Un peu de tuk-tuk, quelques dizaines de mètres à pied dans le lacis des ruelles du pol, et nous retrouvons le Dodhia haveli du début de notre séjour, et notre chambre haut perchée.

Nous passons le reste de l'après-midi à sillonner les rues noires de monde du Manek Chowk, le très populaire quartier marchand de la ville qui s'étend de part et d'autre de Ghandi road, à la recherche de jolis souvenirs gujarati. Malgré l'inépuisable diversité d'objets proposés par les innombrables marchands, rien ne nous séduit suffisamment pour justifier un achat, et nous décidons de passer à la vitesse supérieure. Le museum shop du House of MG propose en effet une sélection raffinée de tissus, broderies, bijoux et autres objets artisanaux, parmi lesquels nous trouvons de quoi combler nos attentes.

Comme prévu deux semaines plus tôt, nous prenons l'ascenseur qui nous conduit au toit-terrasse du House of MG, et savourons notre ultime dîner au Gujarat. Le Kansa thali de l'Agashiye est décidément une pure merveille gastronomique, et nous profitons de toute la magie de ce moment de table sous un ciel étoilé.

Dimanche 7 janvier

Nous quittons le Dodhia haveli en tuk-tuk dès sept heures du matin, et rejoignons l'aéroport Sardar Vallabhbhai Patel une demi-heure plus tard. Notre avion à destination de Delhi décolle à 9h15, et nous atterrissons comme prévu à 11 heures. Il est 13h45 lorsque nous quittons le tarmac de Delhi à destination de Paris CDG, où nous atterrissons neuf heures et demie plus tard, à 18h40, heure locale. Nous retrouvons notre voiture au parking Eco, et poussons enfin la porte de notre appartement à Bruxelles vers onze heures du soir.

En résumé, nous sommes absolument ravis de notre séjour au Gujarat. Au regard de nos multiples expériences indiennes, nous estimons que cet État présente une diversité de sites et une richesse culturelle équivalentes à celles du Rajasthan voisin, peut-être avec un peu moins de flamboyance, mais à coup sûr avec une authenticité d'autant plus affirmée qu'elle est nettement moins altérée par le tourisme international - nous n'avons en effet pas croisé plus d'une petite dizaine de touristes non indiens pendant notre séjour. Les paysages incroyables, les temples et palais dignes des mille et une nuits nous ont éblouis tout au long de notre voyage. L'hospitalité proverbiale de l'Inde est peut-être encore plus développée ici qu'ailleurs, comme en attestent les quelques anecdotes que nous avons eu le plaisir de partager avec vous. Hors de l'enclave de Diu, l'alcool, rappelons-le, est totalement prohibé, même si des exceptions dûment authentifiées par des permis spéciaux sont accordées aux visiteurs étrangers qui seraient incapables de s'en priver le temps de leur séjour. Ce merveilleux voyage revient à environ 2400 euros par personne absolument tout compris : un prix tout à fait raisonnable, qui pourrait encore être revu à la baisse s'il était effectué hors période de fêtes.

Faut-il aller au Gujarat ? Absolument, et sans attendre que le tourisme étranger vienne se propager dans le "Berceau de Ghandi".