Samedi 14 juillet
Nous décollons de l’aéroport de Bruxelles à 22h20 pour un premier long vol Rwandair d’un peu plus de 9 heures à destination de Kigali (500 euros par personne), que nous atteignons le lendemain matin à 9h45. Si le vol proprement dit se déroule sans anicroche, force est de constater que la nourriture à bord est la pire qui nous ait jamais été proposée : œufs brouillés verdâtres et puants, viande plus que limite et pains cartonnés... seuls les vins sont buvables.
Dimanche 15 juillet
Après plus de deux heures d’escale à Kigali, nous effectuons un vol de 5 heures 30 avec une brève arrêt intermédiaire sans même sortir de l’avion, avant la dernière ligne droite pour Johannesburg, notre destination finale. Nous atterrissons à 14h40, prenons un peu d’argent au distributeur, puis un taxi qui nous conduit à notre hôtel, le Curiocity 12 Decades (45 euros la nuit), situé dans le quartier de Maboneng, où nous avons réservé une chambre pour 3 nuits. Il s’agit d’un immeuble industriel réhabilité, comme du reste l’ensemble du quartier. Nous y déposons nos affaires, puis partons régler notre note ainsi que les 2 journées de visite prévues pour le lendemain et le surlendemain.
Nous partons ensuite pour une exploration succincte de notre quartier, puis jetons notre dévolu sur le Pata Pata, un établissement où se réunit la jeunesse branchée du quartier. Nous y sommes les seuls Blancs (et les seuls vieux). Nous y dégustons de savoureux plats simples et mijotés, accompagnés de quelques bons verres de Cabernet Sauvignon, au son d’un trio de jazz pour le moins enthousiaste. Tout cela nous revient à une quarantaine d'euros, un prix démocratique pour un cadre qui aurait tout aussi bien pu se trouver à New York. Fatigués, nous regagnons notre chambre car nous devons être prêts à 9h30 pour l'excursion du lendemain.
Lundi 16 juillet
Nous commençons la journée par un délicieux cappuccino pris au Curiocity Hostel, l'auberge de jeunesse jumelée à notre hôtel et point de départ de notre excursion du jour. Vers 10 heures, en compagnie de trois autres voyageurs, nous partons en minibus en direction de Soweto, où nous allons passer la journée. Notre première halte est à Kliptown, une section très pauvre de ce township, où il est impossible de se rendre sans guide. Les habitations sont faites de tôle ondulée, et on circule en suivant des chemins de terre battue. Les habitants ne manifestent aucune animosité et sont plutôt contents de nous voir.
Nous arrivons ensuite à une petite école que nous visitons. Celle-ci accueille de très jeunes enfants, dès l’âge d’un an, et prend en charge leur parcours éducatif grâce à des dons. Nous visitons également une chambrée réservée aux filles, dont l’âge varie de 5 à 18 ans. Les locaux sont rudimentaires, mais bien tenus.
Nous reprenons notre minibus et partons pour Freedom Square, où se trouve un mémorial commémorant la journée du 16 juin 1976, lors de laquelle les forces de police ouvrirent le feu sur les étudiants manifestant contre l’imposition de l’afrikaans à l’école. 176 personnes furent tuées, et ce massacre éveilla la prise de conscience politique contre l’apartheid.
Nous poursuivons à pied jusqu’à la Vilakazi Street, où vécurent Nelson Mandela et Desmond Tutu, deux prix Nobel dans la même rue ! Non loin de là, nous nous installons dans un shack, soit une petite bicoque où l’on sert de la bière traditionnelle à base de sorgho et de maïs, présentant un aspect laiteux. Pas mauvais, même si le rapport avec la bière est plutôt lointain. Pour le lunch, nous recevons un kota, le street food le plus populaire de Soweto. Mais pas le plus léger : il s’agit d’un sandwich fourré de frites, viande, œuf, salade, sauce... de quoi attendre le repas du soir !
Nous reprenons le minibus afin de nous rendre au Musée de l’apartheid, où nous passons plus de 3 heures. Ce musée construit en 2001 nous met dans l’ambiance dès notre arrivée : chaque visiteur reçoit aléatoirement un ticket d’entrée qui le désigne comme ‘White’ ou ‘Non White’ et doit pénétrer par un accès réservé à sa catégorie. La muséographie est remarquable de symbolisme et d’efficacité. Le visiteur est confronté à des situations personnelles par le biais de documents photographiques ou filmés, qui rendent l’histoire infiniment concrète. Même si nous connaissions les grandes lignes de l’apartheid, c’est seulement face à ce déferlement d’images vécues que nous mesurons l’ampleur et l’horreur de cette réalité encore très récente, l’apartheid ayant officiellement pris fin en 1994. De retour dans le bus, nous continuons de partager de nos impressions et notre chauffeur, âgé de 44 ans, intervient pour nous expliquer ce qu’il a vécu à l’époque. Il ajoute également que les jeunes ne se rendent plus compte de ce qu’ont été l’expérience et la lutte de leurs aînés.
Pour la fin de la soirée, nous retournons au Pata Pata.
Mardi 17 juillet
Comme la veille, nous prenons notre premier cappuccino du jour au Curiocity Hostel avant de partir pour une visite à pied de Maboneng et des environs. Ce quartier d’anciens entrepôts et immeubles délabrés s’est remis à vivre après qu’un jeune Sud-Africain riche et ambitieux ait décidé de racheter un grand nombre d’entre eux et de les réhabiliter avant de les revendre au prix fort. Les lieux attirent désormais artistes, créateurs et autres hipsters, venus s’installer dans des studios, galeries d’art, boutiques de mode, restaurants et cafés branchés. On se croirait à Brooklyn ! Au fil de notre promenade, nous découvrons de nombreuses et superbes fresques murales, signées Freddy Sam et autres artistes de renommée internationale. Depuis une dizaine d’année, ces chefs-d’œuvre du street art offrent un véritable renouveau à la ville.
Nous rejoignons le Central Business District (CBD) pour monter au sommet du Top of Africa, une tour en béton de 50 étages (la plus haute d’Afrique), qui offre une vue panoramique sur toute la ville.
Nous nous dirigeons ensuite vers la Supreme Court, devant laquelle est érigée une grande statue colorée de Mandela en boxeur. Juste en face, le bâtiment de la Chancellor House, désormais transformée en petit musée consacré à Mandela et Tambo, qui utilisaient ces lieux dans les années 50 en tant qu’avocats dédiés aux gens de couleur.
Nous rentrons à l’hôtel pour un petit moment de repos avant de nous rendre au Che, le restaurant argentin prévu pour la soirée. La grande salle est agréablement aménagée dans une ambiance cosy. Nous y savourons de délicieux spare ribs de bœuf, tendres et juteux à souhait sous leur croûte crispy, et dégustons quelques verres de vin rouge parfaitement à la hauteur de la situation, le tout pour une cinquantaine d’euros. Nous y retrouvons aussi, en voisins de table, un bien sympathique couple d’Américains déjà croisés plusieurs fois depuis notre séjour, et décidons de passer ensemble le reste de la soirée au Bertrand, un bar tout nouvellement ouvert, tenu par un Black français originaire de Bobigny ! Le monde est décidément de plus en plus petit.