4 janvier
Vers 8 heures, nous levons le camp en direction de Gopalpur (250 km environ), un long trajet que nous entrecoupons de plusieurs haltes. La première est pour un petit marché de bord de route, où les marchands se prêtent en riant au jeu des portraits photo.
Un peu plus loin, nous croisons une vache richement ornée et son propriétaire mendiant, qui passe de village en village avec son animal sacré tenant lieu de divinité vivante. Nous lui laissons 10 roupies en échange de quelques clichés.
Après un bon bout de route, nous faisons une halte dans un dhaba dans lequel nous mangeons pour l’équivalent de moins de 1 euro pour deux, puis poursuivons jusqu’à Taptapani, où jaillit une source chaude flanquée d’un temple. L’endroit ne présente rien d’extraordinaire, et nous nous amusons simplement des petites sculptures érotiques colorées qui ornent le pourtour du temple. Non loin de là, un petit village de la tribu Saura aligne ses maisons au toit de chaume le long d’une allée centrale.
Notre journée s’achève au Myfair Palm Beach Hotel à Gopalpur on Sea, où nous découvrons un établissement véritablement luxueux. Cette hôtel historique datant de 1914 a accueilli de nombreux hôtes de marque, mais a malheureusement perdu un peu de son cachet en raison de la rénovation dont il a fait l’objet. Nous admirons le coucher de soleil sur la plage, puis remontons dans notre vaste chambre nous rafraîchir dans notre non moins spacieuse salle de bains, équipée - quel bonheur ! - d’une baignoire où l’eau coule bien chaude. Vers huit heures, nous descendons dîner au restaurant, qui propose un buffet aussi varié qu’excellent proposant des spécialités de l’Odisha. L’ambiance est idéale pour une bouteille de vin indien, qui s’avère de bonne qualité, à l’instar du Sula dégusté au début de notre voyage.
5 janvier
Nous nous levons à 6h30 pour admirer le lever du soleil et le départ des embarcations de pêcheurs, qui logent dans de misérables abris de paille sur la plage, à deux pas de notre luxueux hôtel. Nous prenons ensuite notre petit déjeuner et nous régalons de « raberi », un succulent yaourt à base de lait cuit avec du sucre puis fermenté, typique de l’est de l’Inde.
Il est temps de quitter Gopalpur. En cours de route, nous faisons une halte sur un marché de poissons séchés, puis poursuivons jusqu’au Chilika lake, la plus vaste lagune d’Asie, séparée du golfe du Bengale par un banc de sable de 60 km de long. Notre visite démarre à Mangalajodi, où nous prenons une petite barque de pêcheurs propulsée par une perche. Accompagnés d’un guide ornithologue (braconnier reconverti), nous naviguons une bonne heure en suivant les petits canaux qui sillonnent les wetlands. L’endroit abrite quelque 160 espèces d’oiseaux différentes, dont nous pouvons observer une bonne vingtaine tant ces volatiles sont nombreux (300 000 environ rien que dans ce secteur). Cette magnifique promenade en barque nous revient à 1200 roupies, et est sans conteste un des points forts de notre voyage.
Revenus sur la terre ferme, nous reprenons la route et nous arrêtons une petite heure plus tard dans une gargote de bord de route pour nous régaler d’une délicieuse préparation de crabe. Pour 4 euros la portion, le meilleur crabe que nous ayons jamais mangé !
Un peu plus loin, nous visitons un village de la caste des tisserands d’ikat, une technique spécifique à l’Orissa selon laquelle les fils, de soie ou de coton, sont colorés en nouant les écheveaux avant d’être tissés. Nous observons également des femmes dévider les cocons de soie pour former le fil. Un mètre de tissu représente une semaine de travail de tissage.
Après cette visite, nous rejoignons la ville de Puri où se trouve notre hôtel, le Sterling, qui s’avère être un resort-centre de conférences sans âme. Cela nous dissuade d’y prendre notre repas, et nous partons en tuk-tuk pour le restaurant Wild Grass, qui se révèle être un établissement pour touristes.
6 janvier
Après un petit déjeuner à l’hôtel, nous partons pour Konark, distant de 36 kilomètres, et où se trouve le célèbre Temple du Soleil, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Conçu comme le char cosmique de Surya, le dieu du soleil, il a été édifié au 13e siècle. Le temple compte 24 gigantesques roues en pierre qui symbolisent les heures de la journée et sept chevaux représentant les jours de la semaine. Trois statues de Surya sont alignées de manière à recevoir le soleil à l’aube, à midi et au crépuscule, symbolisant les différents âges de la vie. L’ensemble est orné d’une multitude de sculptures, dont un grand nombre à caractère érotique. 60% du complexe du temple ont résisté à l’usure du temps et aux destructions musulmanes.
Nous prenons notre lunch à deux pas du site dans un des nombreux restaurants environnants, puis nous arrêtons à Raghurajpur, un village d’artistes spécialisés notamment dans les gravures sur feuilles de palmier, les estampes sur soie et les peintures sur tissu. Nous y admirons quelques remarquables réalisations d’une grande finesse, certaines ayant exigé une année de travail. Le soleil se couche déjà lorsque nous regagnons notre hôtel.
Pour notre dernière soirée, nous prenons notre repas avec notre chauffeur, que nous invitons au restaurant Peace qu’il nous a recommandé. Notre repas, composé de poissons et crustacés, est de très bonne qualité.
7 janvier
Pour cette dernière journée, nous commençons par une visite de la ville de Puri, à la fois station station balnéaire pour touristes indiens et lieu de pèlerinage hindou, avec une profusion anarchique d’hôtels en front de mer. La visite de la ville se limite essentiellement au temple de Sri Jagannath, non accessible aux non-hindous, mais visible depuis la terrasse d’une bibliothèque voisine. On y voit le bâtiment d’une des plus grandes cuisines du monde (jusqu’à 200 000 repas par jour), mais peu du temple proprement dit. Par contre, le responsable de la bibliothèque insiste lourdement pour obtenir une donation supérieure aux 100 roupies que nous lui proposons, mais en vain.
Nous quittons Puri en passant devant les ghats de crémation puis prenons la direction de Bhubaneswar, la capitale de l’Orissa. Il s’agit d’une ville de temples, dont une bonne cinquantaine ont survécu. Le premier que nous visitons, le plus grand, est le Lingaraja Temple, bâti aux 11e et 12e siècles. Pour le visiter, même principe : on monte sur une plateforme pour bénéficier d’une vue plongeante sur le complexe, moyennant une donation. L’ensemble est vraiment superbe.
Nous longeons ensuite le Bindu Satra, le bassin sacré, puis visitons le Parsurameshwara mandir, qui date du 7ème siècle. Nous sommes émerveillés par la finesse et la grâce de ses pourtant très vieilles sculptures.
Un peu plus loin en contrebas, nous visitons également le temple de Mukteshwara des 10-11e siècles, particulièrement élégant et précédé d’un porche monumental.
Nous prenons notre lunch dans un petit restaurant, puis partons en direction des grottes d’Udayagiri et Khandagiri. Ces grottes ont été creusées dans la roche au 1er siècle de notre ère pour les plus anciennes et sont ornées de bas-reliefs sculptés de motifs floraux et de personnages étonnamment fins, souvent dans un excellent état de conservation.
C’est ainsi que s’achève notre voyage en Odisha, et nous prenons la route de l’aéroport. Notre vol pour Delhi décolle à 01h25 heures. Après une escale, nous prenons un second vol vers Moscou, puis un troisième vers Bruxelles, que nous atteignons le lendemain à 11h15.
En résumé, l’Orissa est une très belle destination hors des sentiers battus, qui présente de nombreux attraits, tant sur le plan paysager qu’architectural et ethnique. Il faut savoir se contenter d’une infrastructure très rudimentaire dans les régions tribales ainsi qu’au Simlipal. Par contre, les villes plus importantes proposent des hôtels d’un niveau tout à fait acceptable, voire luxueux. Les transports en communs étant également très limités, le recours à une voiture avec chauffeur s’impose. Nous avions organisé notre voyage au départ de l'Inde, ce qui revenait beaucoup moins cher et nous a pleinement satisfaits. Ce voyage nous est revenu à 1400 euros par personne, plus les vols (750 euros pour Delhi, plus 215 pour le vol domestique). Cet État de l’Inde procure une sensation d’authenticité, car le tourisme international n'y est que peu présent. Les habitants sont particulièrement accueillants, dans un véritable désir d’hospitalité. On y découvre l’Inde séculaire, où le temps semble n’avoir aucune prise.
Faut-il aller en Odisha ? Certainement ! Cependant, cette destination s’adresse peut-être davantage aux voyageurs ayant une expérience préalable de l’Inde.