Mardi 12 avril : Ojochal - San Gerardo de Dota
Après un petit déjeuner costaricien standard (riz et haricots rouges), nous mettons le cap sur San Gerardo de Dota. Il nous faut près de 3 heures pour franchir les 130 kilomètres d'une route à deux bandes, toute en côtes et en lacets, ce qui rend pratiquement impossibles les dépassements de camions et autres véhicules lents. Comme nous gagnons en altitude, la température baisse au fur et à mesure de notre progression, et il ne fait plus que 13 degrés lorsque nous arrivons à destination, soit un écart de 17 degrés par rapport à Ojochal !
Le Trogon Lodge (154 dollars la nuit) est constitué de jolis petits chalets en bois disséminés dans un vaste jardin agrémenté de bosquets, bassins à truites et petits ponts. Ce lieu absolument charmant sera notre point de base pour partir à la découverte du quetzal dès le lendemain matin.
Nous profitons de l’après-midi pour parcourir les 3 kilomètres du sentier de randonnée du lodge, qui serpente au bord d’une rivière avant de grimper dans la montagne. Une balade assez fatigante, de quoi s’offrir au retour un cocktail bien mérité au bar du lodge, dans un beau décor de style colonial britannique.
Il est 19 heures passées lorsque nous nous attablons au restaurant du lodge, une grande salle toute en bois (plancher, murs, tables et chaises), mise en valeur par les jolis éclairages des suspensions dont les abat-jours sont faits de vitraux multicolores. On nous sert une excellente truite aux filets impeccablement levés, et un ragoût de porc dont les tendres morceaux sont servis dans une sauce au maïs, aussi goûteuse que généreusement servie. Sans atteindre la qualité du repas de la veille, ces assiettes soignées (62 dollars pour 2 avec 2 verres de vin) mettent un point final réussi à cette belle journée, et nous regagnons notre petit chalet, heureusement pourvu d’un chauffage (la température est descendue sous la barre des 10 degrés !), et complété par deux bouillottes pas du tout superflues.
Mercredi 13 avril : San Gerardo de Dota - Monte Claro
Il est 5h10 du matin, et le ciel commence tout juste à prendre des couleurs lorsque nous rencontrons notre guide devant un café servi au restaurant du lodge. Pour 30 dollars par personne, ce dernier nous emmène à la découverte du mythique quetzal. Nous sommes en pleine saison de nidification, et notre guide a justement repéré un nid à quelques kilomètres du lodge. Pendant plus d’une heure, nous observons le va-et-vient d’un couple de quetzals qui se relaient pour apporter à manger à leurs petits, nichés dans le tronc d'un arbre creux. Le mâle surtout est remarquable pour son magnifique plumage vert et rouge aux reflets iridescents, et ses deux longues plumes caudales qui peuvent atteindre, voire dépasser 80 cm. Les quetzals restent en couple toute leur vie et la femelle pond deux œufs par an.
Transis après ce magique moment d’observation (il fait 9 degrés), nous revenons au lodge et prenons un petit déjeuner bien reconstituant au restaurant : riz, haricots rouges... et saucisses.
Nous quittons San Gerardo de Dota pour nous rendre près de Turrialba, et plus précisément à la maison d’hôtes de la Hacienda Finca Monte Claro (75 dollars la chambre). L’endroit ne manque pas de charme, avec une belle vue sur la vallée arborée en contrebas, et une décoration de style brocante qui confère un caractère sympathique aux lieux. Cependant, les quatre chambres d’hôtes sont déjà occupées, et on nous relègue dans une arrière-pièce sombre, poussiéreuse et sentant le renfermé. Nous protestons, et on promet de nous transférer dans une véritable chambre dès le lendemain.
Nous consacrons notre après-midi à la visite guidée (91 euros pour deux) d’une partie des terres de cette immense finca qui s’étend sur 350 hectares, et où l’on cultive le café, la canne à sucre, la banane et le cacao. Nos trois heures de promenade à travers champs et forêts nous donnent un aperçu de cette gigantesque propriété familiale où la nature règne en maître.
Nous prenons notre repas du soir au Mano de Tigre, le restaurant de l’hôtel Casa Turire, une somptueuse demeure dans l’esprit d’une plantation coloniale, avec patio central. Le restaurant proprement dit arbore des murs rouges et un intérieur soigné avec chaises en osier. Dans nos assiettes, une entrée à base de cœurs de palmier et avocats, une autre constituée de croquettes de cassave, et une préparation de porc avec sauce à la figue en guise de plat principal. Malgré la promesse des intitulés, la cuisine est loin d'atteindre le raffinement attendu. L’addition s’élève à 96 dollars pour deux, pour les plats plus deux apéritifs et deux verres de vin.
Jeudi 14 avril : Monte Claro
Le petit déjeuner pris à la table commune de la maison d’hôtes se compose de fruits, omelette, toasts et confitures maison. À 8h30 précises, un guide vient nous chercher pour la visite du Monumento Nacional Guayabo. Ce site de culture précolombienne est le plus intéressant du Costa Rica. Il se déploie sur plus de 230 hectares, mais on n'en visite qu'une petite partie, nichée dans la forêt tropicale humide, en suivant un sentier en boucle permettant de découvrir les vestiges laissés par le groupe ethnique des Guayabo. On observe quelques pétroglyphes, puis quelques anciennes tombes avant d’arriver à un point de vue offrant un vaste panorama sur le site. On poursuit jusqu’à un aqueduc alimenté par un ingénieux système vieux de 2500 ans, et qui fonctionne toujours. On rejoint ensuite la place principale, qui fut plus que probablement le cœur du village. Tout autour, les vestiges de maisons circulaires dont subsiste la base en pierre, à l’origine recouverte d’un chapiteau pointu en feuilles de palme. On termine par une large voie pavée menant à deux monticules rectangulaires qui marquaient l’entrée du village.
Cette belle promenade nous offre également l’occasion d’observer de nombreux animaux, dont différents oiseaux et papillons, un paresseux, une vipère à nez de cochon et, cerise sur le gâteau, un magnifique boa constrictor de 2,5 mètres de long paressant parmi les pierres. L'événement est manifestement assez rare, à en juger par les exclamations enthousiastes de notre guide.
De retour à notre maison d’hôtes, nous passons le reste de l'après-midi confortablement installés dans des hamacs, tout en admirant la vue sur la vallée. Le soir venu, nous partons dîner tout à côté, au restaurant du lodge Turrialtico (40 euros pour deux), qui propose une cuisine simple et assez savoureuse. Nous y commandons deux cocktails, un ceviche et un plat à partager de plusieurs viandes accompagnées de légumes.
Vendredi 15 avril : Monte Claro - San Jose
Nous prenons la route en direction de San Jose, l'étape finale de notre voyage. En un peu plus d'une heure, nous parcourons les 73 kilomètres qui nous séparent de la capitale. En ville, nous constatons que toutes les boutiques sont fermées, et nous croisons plusieurs processions religieuses.
À l'hôtel KC, (le même qu'à notre arrivée ici, quinze jours plus tôt), la réceptionniste nous apprend qu'outre les magasins et marchés, tous les musées et restaurants sont fermés en ce Vendredi saint, jour férié national. Nous rendons notre voiture au représentant de l'agence de location, et terminons donc notre séjour costaricien par une journée de farniente, passant des chaises longues de la piscine aux fauteuils du lobby et de la salle du restaurant.
Au mur de cette même salle, Vendredi saint oblige, une télévision diffuse en continu des films et séries consacrés à la vie du Christ. Un témoignage évident du haut degré de ferveur locale. Le soir venu, nous prenons un cocktail puis notre repas, des plats d’inspiration israélienne, mais de teneur plutôt industrielle (60 dollars pour deux).
Samedi 16 avril : San Jose - Bruxelles
Nous prenons notre dernier petit déjeuner costaricien au bord de la piscine de l’hôtel, puis nous installons dans la voiture qui nous conduit à l’aéroport de San Jose. Notre vol décolle à 13h57 pour atterrir à Panama à 16h20. Quatre heures d’attente plus tard, nous redécollons à 20 heures pour atterrir à Paris le lendemain dimanche 17 à 13h20. Notre Thalys part à 16h08 et nous retrouvons Bruxelles à 17h43.
En résumé, ces vacances auront été placées sous le signe absolu de l'exploration d'un des biotopes parmi les plus riches de la planète : en effet, 5% de la biodiversité mondiale sont concentrés au Costa Rica, un pays dont la superficie est inférieure à celle de la Croatie. Difficile en effet d’imaginer plus belle immersion dans une nature aussi luxuriante qu’omniprésente. Que ce soit d'un bateau ou d'un chemin forestier, l'observation de la faune ne présente aucune difficulté, et la flore, d'une incroyable diversité, s'offre généreusement aux regards. Néanmoins, le recours aux services des guides, au demeurant tous aussi passionnés que passionnants, est selon nous incontournable à plus d'un titre. Ils repèrent rapidement les animaux, champions du mimétisme et du camouflage, que notre œil non exercé ne nous permet pas de distinguer par nous-mêmes, et ne tarissent jamais d’informations captivantes liées aux observations. Les Ticos sont très chaleureux et avenants, on échange un salut et un sourire avec chaque personne croisée, et il est pratiquement toujours possible d’échanger au moins quelques mots en anglais. Les prix des visites, des hôtels et des restaurants sont relativement élevés, le résultat sans doute de la touristisation importante du pays. Seul le carburant est meilleur marché que chez nous, même en cette période de guerre en Ukraine. Pour les 1270 kilomètres parcourus, nous n'avons payé que 127 euros de carburant. En ce qui concerne les visites des différents sites, tout est toujours bien balisé et organisé, parfois trop, ce qui confère la sensation d’un ‘parc d’attraction nature’, notamment à Arenal. Terminons en précisant que l'organisation préalable de ce voyage a été gérée de main de maître par l'agence locale Morpho Evasions, et plus particulièrement son très efficace représentant Vincent Levigouroux.
Faut-il aller au Costa Rica ? Ce merveilleux pays est un pur paradis pour les amoureux de la nature. Par contre, le pays ayant peu à offrir sur le plan architectural, tant moderne que précolombien, et les traditions étant pour ainsi dire absentes, ceux qui espèrent plus qu'un bain de nature devront peut-être choisir une autre destination.