19 février 2025 3 19 /02 /février /2025 18:54
Deux semaines au Cap-Vert - 2 : de Santiago à São Vicente

Samedi 28 décembre : les tortues de Sāo Pedro

Nous prenons notre dernier petit déjeuner à Praia dès 7 heures du matin, puis partons vers l'aéroport pour y attraper notre vol vers São Vicente. Nous atterrissons à Mindelo vers 10 h, après une petite heure de vol. Cette fois, le chauffeur est au rendez-vous comme prévu et nous emmène au Luna Boutique Hotel, un établissement sans grand caractère, mais neuf, propret, et bien situé en hauteur à quelques dizaines de mètres de la plage de Laginha. En raison de l'heure encore matinale, nous devons patienter avant de prendre possession de notre chambre. Nous en profitons pour réserver une séance de snorkeling en compagnie de tortues marines, (40 euros par personne), activité que nous prévoyons pour l'après-midi même.

Il est 13 heures lorsqu'un chauffeur vient nous prendre à l'hôtel pour nous conduire à São Pedro, un village niché sur la côte occidentale de l'île, juste derrière l'aéroport. Une petite barque motorisée nous emmène à moins d'une encâblure de la plage. Équipés de masque et tuba, nous plongeons dans l'eau claire et tempérée de l'Atlantique. Une bonne dizaine de tortues caouannes nous environnent, et se rapprochent d'autant plus volontiers que notre skipper leur jette régulièrement de petits morceaux de poisson. Nous profitons du spectacle magique de ces magnifiques reptiles qui nagent paisiblement à nos côtés, la lumière du soleil miroitant sur leur carapace brun-rouge. Nous caressons au passage la plus grosse de ces tortues, un mâle de 20 ans et de plus de 100 kilos, baptisé John.

John, tortue caouanne

John, tortue caouanne

De retour à terre, nous nous installons au Turtle Beach Bar, où nous nous régalons d'une savoureuse langouste grillée accompagnée d'excellentes caïpirinhas. Nous revenons à l'hôtel pour y prendre un peu de repos.

La langouste du Turtle Beach Bar

La langouste du Turtle Beach Bar

Pour notre repas du soir, nous avons jeté notre dévolu sur La Pergola, un établissement situé en plein centre de Mindelo. La décoration des lieux est plutôt sympathique (plantes et chapeaux de paille), mais pour le reste... Le poisson grillé de Catherine est sec et sans saveur, tandis que le poulet aux olives de Daniel est enseveli sous une épaisse couche de sauce au goût de farine. Les deux musiciens live de la soirée démontrent essentiellement leurs carences techniques et leur méconnaissance de l'harmonie. De plus, au moment de régler l'addition, on nous oblige à payer en liquide, ce qui nous paraît pour le moins contestable. Déçus par cet attrape-touristes particulièrement navrant, nous prenons un taxi qui nous ramène à notre hôtel pour 200 escudos (moins de deux euros).

Dimanche 29 décembre : visite de l'île

Notre journée commence par le petit déjeuner de type continental pris à l’hôtel. À 9 heures, nous partons en voiture à la découverte des principaux points de l'île de São Vicente. L'excursion réservée dure six heures, et revient à environ 50 euros par personne.

Nous commençons par nous rendre au sommet du monte Verde, la montagne d'origine volcanique la plus élevée de l'île, culminant à 750 mètres d'altitude. La route en lacets gravit les flancs arides de la montagne où s'agrippent quelques arbustes couchés par le vent. À mesure qu'on gagne en altitude, la vue panoramique s'élargit, avec la ville de Mindelo et l'île de Santo Antāo en arrière-plan. Le sommet, par contre, est entièrement encapuchonné d'une épaisse brume d'où émergent à peine les quelques antennes émettrices qui y sont érigées.

Vue du monte Verde

Vue du monte Verde

Nous redescendons au niveau de la mer et faisons halte au bord de la longue et magnifique plage de sable blanc de Salamansa, absolument déserte, qui s'étire le long de la baie du même nom. Tout à côté, le petit village de pêcheurs homonyme est cité dans plusieurs chansons de Cesária Évora.

À l'est de Salamansa, nous rejoignons Baía das Gatas, sa plage en forme de lagon et son eau turquoise. En août, la plage accueille un très populaire festival de musique, attirant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs autour d'une scène où se succèdent des artistes capverdiens et étrangers.

Un peu plus au sud, voici Praia Grande, d'apparence plus sauvage que les précédentes. Léché par les vagues blanches, le sable clair tranche sur le noir des roches volcaniques.

Praia Grande

Praia Grande

Plus bas encore, nous rejoignons Calhau, un paisible petit village de pêcheurs où subsistent encore quelques funcos, les maisons rondes traditionnelles en pierre volcanique, coiffées d'un toit conique.

Nous empruntons la route qui traverse l'île d'est en ouest, et retournons à São Pedro, à l'extrémité occidentale de la plage, pour l'ultime étape de notre périple. Une crique accidentée offre une vue plongeante sur une mer d'argent.

Pour notre repas du soir, désireux de ne pas rééditer notre déconvenue de la veille, nous retournons au Casa Café Mindelo que nous avions découvert et apprécié au tout début de notre séjour. Nos poissons grillés sont excellents, et accompagnés du désormais traditionnel Chã branco.

Lundi 30 décembre : cuisine et morna

Le petit déjeuner avalé, nous nous installons confortablement dans les fauteuils du lobby. Tchicau, notre cheffe du cuisine du jour, arrive peu après 10 heures. Ce petit bout de femme au caractère bien trempé élève seule ses cinq enfants tout en gérant son restaurant, et nous l'accompagnons tandis qu'elle déambule parmi les éventaires des marchés du centre-ville. Nous achetons un énorme filet de thon frais, une noix de coco et quelques légumes avant de gagner la cuisine aux murs bleus de son restaurant, la Casa Tchicau.

Marché aux poissons

Marché aux poissons

Sous la houlette énergique de notre cheffe et secondés par son aide-cuisinière, nous préparons des ravioles frites fourrées de thon aux herbes, suivies d'un plat mijoté de thon à la noix de coco râpée, accompagné de pommes de terre.

Avec Tchicau dans sa cuisine

Avec Tchicau dans sa cuisine

Tchicau nous installe à une des tables de son restaurant et nous apporte, en guise d'apéritif, une sélection de trois grogues faits maison, aromatisés à la mélasse, au gingembre et à la papaye.

Nous nous régalons de nos ravioles frites, puis du thon mijoté. Les deux préparations sont très goûteuses, et constituent un repas d'autant plus copieux que Tchicau nous sert et ressert généreusement. Nous recevons néanmoins encore une coupe de glace vanille surmontée de fruits de la passion. Repus, nous remercions chaleureusement Tchicau pour son enthousiasme et son accueil authentique, puis rentrons à l'hôtel et profitons d'une sieste digestive bienvenue.

Plus tard dans l'après-midi, nous rencontrons chez lui un professeur de musique capverdienne. Entouré d'élèves et d'amis musiciens, notre hôte, guitariste et chanteur, nous fait découvrir quelques-unes de ces envoûtantes mornas capverdiennes, toutes empreintes d'une douce nostalgie. Il nous parle des auteurs de ces musiques et des images évoquées dans les textes, mais aussi de la difficulté d'assurer l'enseignement des mornas, en l'absence quasi totale de structure officielle, tout en admettant qu'un académisme systématique serait sans doute dommageable à la nature même de ces musiques qui vivent et évoluent par le biais de l'oralité.

Morna...

Morna...

Le soir venu, nous retrouvons notre Casa Café Mindelo, nous nous contentons d'une salade de poulpe et de rafraîchissantes caïpirinhas.

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