Mardi 31 décembre : visite de la partie aride de l'île
Il est à peine 7 heures du matin lorsque nous prenons notre dernier petit déjeuner au Luna Boutique Hotel. Nous gagnons l'embarcadère de Mindelo et montons à bord du ferry assurant la liaison avec l'île de Santo Antão, notre destination suivante. La traversée dure une heure environ et, agrippés au bastingage, nous en profitons pour admirer les vols rectilignes des exocets au ras des vagues. Nous accostons à Porto Novo vers 9 heures, et rejoignons notre chauffeur qui nous emmène immédiatement pour la visite de la partie méridionale de l'île, prévue pour cette première journée.
Santo Antão présente deux visages diamétralement opposés. Au sud, les trois-quarts de l'île offrent une succession de paysages arides : montagnes escarpées, vallées désertiques et formations rocheuses spectaculaires. La végétation y est très clairsemée, voire inexistante par endroits, en raison du climat sec et des faibles précipitations.
Au départ de Porto Novo, la route file droit vers l'ouest, longeant notamment un canyon spectaculaire un peu avant le village de Ponte do Sul. Nous bifurquons ensuite vers le nord, en direction de la vallée encaissée de Chã de Morte, et au-delà, vers le canyon de Ribeira das Patas cerné par les dykes, d'étranges structures volcaniques verticales qui évoquent des pans de ruines.
Ici et là, quelques champs en terrasse témoignent des efforts des habitants pour cultiver ces terres difficiles. La route monte encore et, de lacets en lacets, nous mène à son point culminant, une placette ronde où se dresse un tocsin dont les murs bleus se confondent avec le ciel. En contrebas, la vue plonge vers les vallées d'Alta Mira et de Ribeira da Cruz.
Nous repartons en sens inverse, et redécouvrons le paysage parcouru sous la lumière plus dure du soleil au zénith, accusant le contraste entre l'azur intense du ciel et les teintes ocres et grises des roches.
Il est un peu plus de 14 h lorsque nous arrivons à notre hôtel, le Santantao Art Resort, un établissement très basique et passablement défraîchi. Il est prévu que nous n'y restions qu'une seule nuit, mais nous sommes le 31 décembre et nous y prenons donc notre repas du réveillon, en l'occurrence un buffet aux allures de cantine que nous agrémentons néanmoins d'une bouteille de Chã branco.
Mercredi 1er janvier : visite de la partie verdoyante de l'île
Nous prenons un petit déjeuner succinct sur la terrasse de l'hôtel, à l'ombre d'une végétation peu entretenue, puis retrouvons notre chauffeur pour la visite du nord de Santo Antão.
On ne peut imaginer plus grand contraste avec le paysage de la veille. Grâce aux précipitations plus abondantes qui y tombent, la partie septentrionale de l'île est une succession de paysages verdoyants et de vallées luxuriantes. Dans les champs en terrasses qui cernent les villages, on cultive avec succès de nombreux produits locaux comme la canne à sucre, les bananes, les ignames et le manioc.
Pour gagner le nord de l'île, nous empruntons la route de la corniche qui longe l'océan à partir du promontoire où se dresse le phare de Fontes Pereira de Melo.
Un peu moins de huit kilomètres plus loin, nous quittons le bord de mer pour gravir la route sinueuse qui longe la magnifique vallée de Paul, un authentique jardin botanique piqueté de paisibles hameaux hors du temps.
Nous redescendons vers l'océan, puis continuons vers le nord en direction de Ribeira Grande, la capitale administrative de l'île. La route longe ensuite la péninsule la plus septentrionale de l'île, où se love le village de pêcheurs de Ponta do Sol. Quelques lacets plus loin, nous découvrons les pittoresques maisons colorées de Fontainas, adossées aux contreforts de la montagne.
Notre chauffeur nous dépose à Ponta do Sol, plus précisément au Sol Point Art, l'hôtel que nous avons réservé pour cette nuit : une adresse de charme et aménagée avec goût. Il est encore un peu tôt pour accéder à notre chambre, et nous en profitons pour partir à la découverte de la... praia de Copacabana, à l'extrême pointe nord de l'île. Pour y accéder, nous traversons la piste d'atterrissage de l'aérodrome Agostinho-Neto, désaffecté depuis les années 90.
Nous longeons ensuite le minuscule port où sont alignées une vingtaine de barques de pêche.
Plus loin, nous nous installons à une des petites tables carrées du restaurant Caleta, dont les murs et les châssis peints en bleu font écho à la vue sur l'océan. Nous y dégustons une excellente caïpirinha avant de retourner à l'hôtel.
Pour le repas du soir, nous nous rendons au Gato Preto, une adresse proposant une simple et généreuse cuisine capverdienne, agrémentée... d'une touche française, en raison de la nationalité de la patronne.