27 octobre 2025 1 27 /10 /octobre /2025 19:17
Voyage en Chine - 8 : Shilin, Kunming, Guilin, Longji

Lundi 4 août

Nous quittons tôt notre hôtel. Notre chauffeur nous conduit à la gare de Dali, où nous prenons un TGV à destination de Kunming. Il est environ 11h lorsque nous rejoignons notre nouveau chauffeur/guide, lequel nous emmène directement au site de la Forêt de Pierres de Shilin, à environ 1h30 de route, à l'est de Kunming. La plus grande formation karstique du monde traverse plusieurs provinces méridionales de la Chine, notamment le Guangxi, le Guizhou et le Yunnan. Le parc national de Shilin, qui s'étend sur 350 km2, est célèbre pour ses impressionnantes colonnes calcaires blanches, parfois hautes de plus de 30 mètres. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site trop célèbre attire massivement les touristes, et il est illusoire d'en faire la visite calmement, sans croiser en permanence des groupes plus ou moins importants de visiteurs souvent bruyants. En conséquence, nous décidons de nous rendre à 10 km de là, au site de Naigu, un peu moins spectaculaire certes, mais nettement plus paisible et proposant une expérience d'autant plus immersive. Nous nous promenons pendant plus de deux heures dans un dédale de pics de pierres, en suivant un chemin balisé et bien pavé, tantôt traversant des espaces dégagés, tantôt se faufilant dans des passages étroits entre les roches. Plus sombres que celles de Shilin, les aiguilles de pierre aux formes étranges créent un paysage hors du commun qui parle à l'imagination.

Forêt de pierre de Naigu

Forêt de pierre de Naigu

Voyage en Chine - 8 : Shilin, Kunming, Guilin, Longji

Il est environ 3h30 lorsque nous quittons le site, remontons en voiture et retournons à Kunming. Notre chauffeur nous dépose au Moon & Chalice Boutique Hotel, un élégant bâtiment classé des années 20, transformé en boutique-hôtel et aménagé avec soin. L'endroit ne manque pas de charme, mais nous regrettons l'absence d'air conditionné dans la chambre.

Pour notre repas du soir, nous nous rendons au marché aux fleurs et aux oiseaux situé à deux pas de l'hôtel, dans le vieux centre animé de la ville. Nous y mangeons le plat local, le guoqiao mixian, soit "nouilles qui traversent le pont". La légende raconte qu’une femme traversait chaque jour un long pont pour apporter ses repas à son mari aux études. Afin que la soupe ne refroidisse pas pendant le trajet, elle eut l’idée de recouvrir le bouillon d’une fine couche d’huile conservant la chaleur, et d’apporter les ingrédients séparément pour les ajouter au bouillon une fois arrivée à destination. Nous recevons donc un grand bol de soupe brûlante servie dans une marmite en céramique, accompagnée d’un plateau d’ingrédients crus ou précuits (viandes, œufs de caille, légumes, champignons, nouilles de riz) que nous plongeons dans le bouillon pour les cuire. Pour terminer notre soirée, nous jetons notre dévolu sur un élégant bar à whisky et cocktails. La carte est en chinois, sans aucune traduction, et nous nous contentons de désigner du doigt les minuscules photos imprimées pour commander nos cocktails. Nous recevons et pensons identifier successivement un Whiskey Sour sans mousse, un Blue Margarita et un Rum Old Fashioned, tous trois particulièrement savoureux et équilibrés.

Voyage en Chine - 8 : Shilin, Kunming, Guilin, Longji

Mardi 5 août

L'hôtel ne proposant pas de petit déjeuner, nous avalons rapidement un yaourt et un café pris en rue avant de rejoindre en voiture la gare de Kunming, où nous montons dans le train en direction de Guilin. Notre TGV franchit en un peu plus de 4 heures les quelque 900 kilomètres qui séparent les deux villes. À bord, nous complétons notre frugal repas du matin par un plateau-repas nettement plus consistant. Nous arrivons à Guilin vers 14 heures, et notre nouveau chauffeur nous emmène sans plus attendre à la grotte de la flûte de roseau, à 5 km au nord-ouest de la ville. Il s'agit d'un vaste réseau souterrain de stalactites, stalagmites et concrétions formées il y a plus de 180 millions d’années. Son nom provient des roseaux qui poussaient autrefois à son entrée, utilisés pour fabriquer des flûtes traditionnelles. La visite est mise en valeur par d'impressionnants jeux de lumière colorés qui transforment les parois en paysages féériques et révèlent des formes que l’imaginaire populaire compare à des animaux, des personnages ou des scènes mythiques. Cette balade très agréable se conclut de manière optionnelle par la visite d'une partie supplémentaire de la grotte, qui propose une mise en scène autour de la légende d’un dragon.

Grotte de la flûte de roseau

Grotte de la flûte de roseau

Nous reprenons la voiture pour revenir au centre de Guilin. Nous nous garons à proximité des tours jumelles du Soleil et de la Lune, érigées au milieu du lac Shanhu. La tour du Soleil, haute de 41 mètres, est la plus grande pagode de bronze du monde, tandis que la tour de la Lune, en bois et en verre, s’illumine d’argent la nuit. Un tunnel passe sous le lac qui les relie l'une à l'autre.

Tours du Soleil et de la Lune

Tours du Soleil et de la Lune

Nous nous promenons autour du lac et rejoignons la rivière Li pour rejoindre la colline de l’Éléphant, un rocher percé situé au bord de l'eau qui évoque la silhouette d’un éléphant plongeant sa trompe dans la rivière. Cette colline s'élève à 55 mètres au-dessus de la rivière, et attire de nombreux visiteurs en quête de photo-souvenir.

Colline de l’Éléphant

Colline de l’Éléphant

La pluie tombe lorsque notre chauffeur nous dépose à notre hôtel, le Grand Link Hotel, situé de l'autre côté de la Li. Ce mastodonte compte près de 600 chambres, et, question charme, ressemble plus à un aéroport communiste qu'à un hôtel... Nous n'avons aucune envie d'y rester pour notre repas du soir. Nous montons dans un des taxi qui attendent à l'entrée, et demandons au chauffeur qui parle un peu d'anglais de nous conduire au centre-ville, dans un bon restaurant de poisson de son choix. Il nous dépose devant le Lijiang Yugang, un établissement populaire et très animé, à la porte duquel diverses espèces de poissons et batraciens nagent dans de grandes bassines de plastique rouge. Sur les conseils enthousiastes de notre chauffeur de taxi, nous optons pour un vigoureux poisson-spatule de près de 80 centimètres de long, qu'une serveuse attrape d'un coup de filet et emmène séance tenante vers les cuisines. Environ une demi-heure plus tard, nous recevons ce poisson merveilleusement préparé, mijotant dans une sauce épicée. Nous nous régalons de ce plat copieux que nous accompagnons de deux bouteilles de Guilin Liquan 1998, bière locale parmi les plus populaires. L'addition s'élève à l'équivalent d'une cinquantaine d'euros pour deux, un prix un peu supérieur à la moyenne mais largement justifié par la qualité et la générosité de ce que nous avons reçu. Notre chauffeur de taxi, venu nous récupérer à la sortie, nous ramène à notre hôtel, et nous prenons rendez-vous avec lui pour la soirée suivante.

Poisson-spatule

Poisson-spatule

Le plat

Le plat

Mercredi 6 août 

Nous partons à 8h30, après notre petit déjeuner à l'hôtel, en direction des rizières en terrasses de Longji, à une centaine de kilomètres de Guilin. Aménagées dès le 14ᵉ siècle par les ethnies zhuang et yao, elles s’étagent entre 600 et 800 mètres d’altitude et constituent l’un des paysages les plus spectaculaires du Guangxi, dessinant des courbes harmonieuses sur les pentes abruptes. Nous entamons donc notre journée par une randonnée qui nous mène tout d'abord au sommet d'une colline d’où nous profitons d’une large vue d'ensemble sur les rizières environnantes. Malgré un ciel nuageux, la lumière magnifie le paysage chatoyant qui s'étend à nos pieds. Du point le plus haut, nous poursuivons sur un chemin plat jusqu'à un deuxième point d'observation, avant de redescendre à travers un village.

Rizières en terrasses de Longji

Rizières en terrasses de Longji

Nous tombons sur une petite échoppe de souvenirs tenue par une femme yao. Pour les femmes de cette ethnie, les cheveux sont le symbole de la beauté. Elles les portent le plus long possible, et ne les coupent qu'une seule fois à l'âge de 18 ans. Elles conservent ces premiers cheveux, et les ajoutent à leur chevelure actuelle pour constituer un énorme chignon dont la position sur la tête varie en fonction du statut civil. En échange de quelques yuan, cette femme accepte de dénouer ses cheveux et de nous montrer ses longues mèches, avant de reconstituer sa coiffure.

Femme yao et sa chevelure

Femme yao et sa chevelure

Notre balade se termine au village de Ping'an, niché au bord d'une rivière. L'endroit sert visiblement de point de chute pour tous les touristes de la région, et l'ambiance s'en ressent. Nous n'en retenons que les tables et chaises des cafés directement installés dans le lit de la rivière, ce qui permet de prendre un verre les pieds dans l'eau, littéralement. Après un peu de repos, nous reprenons la voiture en direction de Guilin, pour y visiter le Tea Research Institute, un organisme d'intérêt public créé en 1979 qui se concentre principalement sur la recherche, le développement et la promotion des variétés de théiers et des technologies associées. On nous montre les plantations de thé jouxtant l'institut, qui s'étendent sur 40 hectares. On nous explique que la qualité du thé varie selon le type de feuille utilisé : les bourgeons seuls pour le thé blanc, le plus rare et le plus cher, les feuilles épaisses de la base pour le thé en sachet de la plus basse qualité. Suit une petite dégustation de différents thés, accompagnée de commentaires sur la tradition, notamment à propos du kou zhi, geste de gratitude qui consiste à tapoter la table du bout de l'index et du majeur de la main droite.

Dégustation au Tea Research Institute

Dégustation au Tea Research Institute

Nous rentrons à l'hôtel prendre un peu de repos, puis retrouvons notre chauffeur de taxi de la veille qui nous ramène au Lijiang Yugang. Nous optons cette fois pour un porc au taro, fondant à souhait, et une assiette d'escargots farcis de la rivière Li : deux préparations aussi simples que savoureuses.

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