12 juillet : Goa - Badami
Pour finir, nous décidons de nous rendre à la gare routière encore plus tôt que ce qui nous avait été indiqué, et sommes sur les lieux dès 8h15. Sage décision, car on nous signale qu'un bus part vers Badami 5 minutes plus tard. Nous nous installons, heureux de retrouver ces bons vieux bus indiens. Le préposé aux tickets/conductor nous explique qu'il faudra changer de bus plus loin, et nous demande 211 Rs par personne, soit un peu plus de 3 euros. Un prix plus que raisonnable pour 7 heures de trajet. Le changement de bus s'effectue sans encombre, et nous voilà repartis pour deux heures de route supplémentaires pour 50 Rs par personne.
Un tel voyage nous fait traverser des paysages bien différents. Une heure environ après avoir quitté Panjim, sa végétation luxuriante, sa terre rouge et ses palmiers, la route s'élève, escalade de petites montagnes qui nous rapprochent des nuages, et dont la végétation d'arbres feuillus laisse parfois échapper quelques cascades. Passé ces montagnes, nous découvrons un paysage doucement vallonné, mais beaucoup plus désertique. Les zones cultivées cernent les villages, et la terre y est presque noire. Elle ne reprend une teinte brique qu'aux portes de Badami.
En Inde, un voyage en bus gouvernemental est un petit événement en soi : il se passe toujours quelque chose, soit pendant le trajet, soit pendant les haltes prévues à intervalles réguliers. Lors d'une de ces dernières, nous prenons un masala chai en compagnie d'une femme vêtue d'un extraordinaire costume traditionnel du Karnataka, avec laquelle nous tentons d'engager la conversation. Un peu plus loin pendant le trajet, un vendeur monte à bord du bus et passe une bonne demi-heure à vendre avec force boniments couvertures et coupons de tissu aux enchères. Une heure environ avant notre arrivée, une petite fille d'environ 18 mois vient s'installer sans autre forme de procès sur les genoux de Catherine, où elle reste bien sagement jusqu'à sa propre destination, pour le plus grand plaisir de sa maman d'une heure comme de sa vraie maman.
Le chauffeur du bus nous laisse descendre un peu avant le terminus, car nous venons de passer devant l'hôtel où nous comptons séjourner, le Heritage Resort. Après quelques négociations, le prix de la chambre double (en fait un petit cottage), petit déjeuner et taxes comprises, passe de 2800 à 2500 Rs, soit un peu moins de 40 euros. L'endroit est charmant, un peu à l'écart du centre de Badami, avec un jardin fleuri et verdoyant, extrêmement bien entretenu. Le cottage est confortable, apparemment neuf, meublé de façon moderne. Nous prenons notre dîner sur place, un thali du sud (six ou huit petits plats présentés sur un plateau autour d'un bol de riz et quelques chapatis) qui ne coûte que 60 Rs, soit moins d'un euro.
Hôtel Heritage Resort | Notre chambre |
13 juillet : Badami
Pour la visite des sites de Badami et des environs, nous louons une voiture, pour le prix de 1500 Rs la journée (un peu plus de 20 euros). Nous commençons par nous rendre à Aihole, où se trouvent une multitude de temples anciens (125, selon nos sources), datant du 4ème au 7ème siècle. Nous ne visitons bien sûr que les principaux d'entre eux, localisés dans le même périmètre, certains au bord du village, d'autres dans le village même, parmi les maisons.
Aihole |
Nous sommes étonnés de la perfection des sculptures qui ornent les temples, d'une grande finesse et d'une grande fluidité, surtout lorsqu'on songe qu'elles datent d'il y a si longtemps. Nous faisons un petit tour dans le village, où nous sommes accueillis avec chaleur et curiosité, mais de manière tout à fait désintéressée. Apparemment, le tourisme a encore épargné cette région.
Détails de temples à Aihole |
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Village d'Aihole |
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Nous partons ensuite pour Pattadakal, un autre site archéologique, plus réduit par la quantité de temples (une dizaine). Ceux-ci datent des 7ème et 8ème siècles, mais leurs vestiges les plus anciens remontent aux 3ème et 4ème siècles. Certains d'entre eux abritent un énorme taureau Nandi. Un site également tout à fait remarquable.
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Détails de temples à Pattadakal |
Nous reprenons la route pour Sri Mahakuta Temple, un site hors du temps, dont les parties les plus anciennes datent du 6ème siècle. Un temple y est encore en activité de nos jours, ainsi qu'un bassin dans lequel s'ébattent de jeunes garçons, mais aussi quelques filles entièrement vêtues. Ils nous demandent de les rejoindre dans l'eau, mais nous déclinons l'offre.
Sri Mahakuta temple |
Nous revenons à Badami pour la suite de notre visite, et commençons par visiter les grottes troglodytes qui s'étagent sur une paroi de grès rouge. Les sculptures qui les ornent sont impressionnantes, et la vue panoramique sur la ville et le très grand bassin du 5ème siècle en contrebas est grandiose. Quelques singes hardis hantent les lieux, et vont jusqu'à voler les fleurs dans les cheveux des Indiennes... pour les manger !
Temple de Badami | Bassin vu du temple |
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Perspective d'un temple de Badami | Détail d'un temple de Badami |
Nous descendons jusqu'au bassin. Nous nous asseyons un moment sur les ghats en compagnie de quelques femmes qui y lavent leur linge, et de petites écolières qui nous réclament des photos. Nous poursuivons jusqu'à un petit temple situé au bord de l'eau, où nous profitons de la sérénité de l'endroit.
Un peu fatigués par ces 7 heures de visite sous le soleil, nous regagnons notre hôtel pour une sieste bien méritée. Nous prenons notre repas du soir dans une petite gargote du centre de Badami, où nous mangeons de délicieux idli toute fraîcheur, pour moins de 1 euro pour deux, avant de prendre un tuktuk qui nous ramène à l'hôtel.
14 juillet : Badami - Bijapur
Avant de quitter l'hôtel, il nous faut trouver de l'argent pour payer la note. Nous faisons donc à pied les deux kilomètres qui nous séparent du centre de Badami, où se trouve le distributeur de billets (ATM) le plus proche. L'endroit est bondé, et lorsqu'arrive notre tour, la machine est vide ! Nous nous présentons alors au guichet de la banque attenante, où on nous dit que le distributeur sera regarni une heure plus tard.
En attendant, nous décidons d'aller tenter notre chance au deuxième distributeur de la ville, mais il est fermé. Le temps de visiter au passage le petit mais charmant marché de Badami, nous repartons vers le premier ATM. Après la file d'usage, notre tour arrive, mais... trop tard, le distributeur est à nouveau vide. Retour à l'intérieur de la banque. Le préposé recharge à nouveau la machine, et nous essayons nos cartes Visa, qui sont refusées. Nous demandons alors à retirer ou changer de l'argent dans la banque même, mais ce n'est pas possible, car ils n'ont pas l'équipement nécessaire. Même réponse dans trois autres banques. On nous conseille d'aller à la poste, pour changer les 135 euros qui nous restent, mais là aussi, on refuse de le faire.
Nous tentons une dernière piste, à savoir changer nos euros dans un hôtel censé le faire, mais là encore, la réponse est négative. Nous rentrons donc à l'hôtel sans autre solution que de proposer nos euros directement en paiement de nos nuitées. Le gérant refuse, mais se montre extrêmement coopératif, et donne quelques coups de fil pour essayer de résoudre le problème. Finalement, il nous emmène en voiture dans une autre banque encore, dont la gérante essaie d'activer pour nous son futur ATM pas encore en service, mais sans succès.
En désespoir de cause, le gérant de notre hôtel nous amène dans un autre hôtel, où on accepte enfin de changer nos euros, mais à un taux prohibitif (50 Rs au lieu de 66 Rs pour un euro !). Mais nous n'avons d'autre pas vraiment d'autre choix. Une fois notre note acquittée, nous prenons un bus pour... Hubli, et non Bijapur, car nous n'avons toujours pas d'argent pour continuer notre voyage. On nous a effectivement conseillé d'aller dans cette ville, nettement plus importante, pour être sûrs d'y trouver les services bancaires adéquats.
Il est 14h30 lorsque nous montons dans le bus vers Hubli, et nous parvenons à destination environ deux heures plus tard. Le premier ATM essayé ne fonctionne pas, et une fois de plus, nous nous adressons au préposé à l'intérieur de la banque, qui vient réessayer avec nous. Même constat, et il nous indique l'ATM d'une autre banque un peu plus loin, auquel nous nous rendons sans plus trop y croire. Et pourtant, le miracle se produit, nous obtenons enfin l'argent nécessaire. Il est cinq heures, et cette petite mésaventure nous a pris toute la journée.
Cela n'entame en rien notre courage, et nous décidons de repartir immédiatement pour Bijapur, à environ 5 heures de route. Comme d'habitude, on nous indique les bus à prendre. Le premier nous mène à environ 100 km de là, à Naragund, où nous arrivons à la nuit tombante, vers 20 heures. Nous venons de rater de 10 minutes un bus vers Bijapur, mais le prochain ne devrait pas tarder. Dans l'attente, nous achetons des pâtisseries au snack de la gare routière, et nous y prenons un thé, tout à fait délicieux. Nous voyant attendre depuis un certain temps, de nombreuses personnes viennent s'enquérir de notre sort, voire nous proposer les services d'un bus privé. Mais nous restons fidèles à nos bons vieux bus gouvernementaux.
A 21h20, le bus arrive enfin, et nous voilà partis pour près de trois heures et demie pour franchir les 140 kilomètres qui nous séparent encore de Bijapur. Notre premier trajet en bus entièrement de nuit, où nous admirons une fois encore la maestria avec laquelle les chauffeurs conduisent leur engin dans les conditions les plus difficiles. Arrivés à destination, nous prenons vite le premier tuktuk en vue, direction l'Hôtel Madhuvan, censé être le meilleur de la ville. En réalité, et comme nous en avaient avertis les guides, le prix de 20 euros demandé pour une chambre double est largement surévalué pour cet endroit spartiate et décrépit. Il est 1 heure du matin lorsque nous allons enfin nous coucher.