29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 19:30

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Samedi 10 août

Aussitôt notre chai et notre sweet lassi avalés, nous partons en tuktuk pour la gare routière, et montons à bord du bus pour Chandigarh qui part dans la minute qui suit. Nous payons l'équivalent d'un euro par personne (83 roupies) pour les 80 kilomètres qui nous séparent de notre destination. Une bonne heure et demie plus tard, un peu après midi, nous arrivons dans la ville construite par Le Corbusier à la demande de Nehru en remplacement de Lahore, l'ex-capitale du Pendjab. L'urbanisme particulier de cette ville, conçue pour que les piétons et les véhicules ne se croisent pas, est constitué de secteurs rectangulaires auto-suffisants séparés par un quadrillage de voies de circulation.

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Architecture typique de Chandigarh

 

Nous nous rendons en tuktuk au secteur 35b, et nous installons à l'hôtel Kaptain's Retreat, un endroit charmant appartenant à une ancienne gloire du cricket, avec décoration à l'avenant. En négociant un peu, nous faisons passer le prix de base de 11200 roupies (140 euros) à 8500 (106 euros environ) pour trois nuits avec petit déjeuner.

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Notre chambre au Kaptain's Retreat

 

Pour cette première journée à Chandigarh, nous nous concentrons sur le seul secteur 17, et commençons par trois musées voisins l'un de l'autre. Le premier, le Government museum and art gallery rassemble des collections d'étoffes, de miniatures, de sculptures bouddhiques et de l'art contemporain. Un musée à l'ancienne dont l'éclairage est loin d'être optimal, mais intéressant quant à son contenu. Son voisin, le Chandigarh architecture museum, présente la conception et le développement de la ville. Pour finir, nous visitons le Natural History museum, un aperçu de l'évolution de la vie sur terre et de l'homme à travers les âges, dans une présentation très vétuste, parfois même ridicule.

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Au Government museum and art gallery

 

Nous marchons ensuite jusqu'au Rose Garden situé non loin de là dans le secteur 16, un joli parc planté de plus de 1500 variétés de roses (pour la plupart un peu passées en cette saison). Nous restons dans le secteur pour pousser la porte de quelques emporiums locaux, sans grand intérêt. L'heure du repas approchant, nous nous mettons en quête du Punjab Grill chaudement recommandé dans le guide, mais de multiples recherches et demandes auprès des habitants n'aboutissent qu'à un échec : le restaurant est fermé pour travaux ! Nous nous rabattons sur le Ghazal proche, et bien nous en prend, car nous y savourons de délicieuses préparations d'agneau (bhuna gosht) dans un luxueux cadre stylé et feutré, pour un prix tout à fait correct d'environ 1400 roupies (un peu moins de 20 euros) pour deux personnes, boissons comprises.

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Rose Garden

 

Nous regagnons notre hôtel pour une première nuit bien méritée. 

Dimanche 11 août

Une solide omelette et un sweet lassi nous donnent toute l'énergie nécessaire pour entamer cette nouvelle journée à Chandigarh, qui débute par une visite du Rock Garden, l'œuvre de Nek Chand. En 1947, la partition de l'Inde mène à un exode massif de réfugiés venus du nouveau Pakistan. Cet afflux est à l'origine de la construction de la ville de Chandigarh, qui elle-même nécessite la destruction de plusieurs villages, et donc le relogement de leurs habitants. Nek Chand était fasciné par tous les déchets générés par cette destruction, et il se mit à les utiliser pour créer ce qui allait devenir l'œuvre de toute une vie, soit 50 années de création ininterrompue. Le résultat est un dédale d'assemblages et de constructions diverses, avec chemins sinueux, hautes murailles, grottes, cours et cascades ainsi qu'une foultitude de personnages et animaux stylisés et expressifs, le tout réalisé à partir de matériaux de récupération : tessons de bouteilles, débris d'assiettes, prises de courant, bracelets brisés, bidons d'essence, sacs de toile et coussins utilisés pour mouler des murs de ciment, des arbres, des arcades, etc.

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Rock Garden

 

La visite est fascinante et nous plonge dans la richesse de l'imaginaire de son auteur. Nous nous faisons aussi la réflexion que la "courbe dangereuse" dénoncée et évitée à tout prix par Le Corbusier règne ici en maître, et que le résultat joue largement en faveur de Nek Chand !

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Rock Garden, encore
   
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Nous enchaînons par une demi-heure de pédalo sur le Sukhna Lake proche, un lac artificiel créé par Le Corbusier. Les nombreux Indiens présents s'en donnent à cœur joie sur ces embarcations kitschissimes (cygnes roses, dragons et autres barques fleuries).

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Sukhna Lake

 

Nous prenons ensuite un tuktuk pour le Bougainvillea Park, un endroit paisible et agréable malgré la chaleur assez accablante, où nous nous reposons un moment à l'ombre de quelques arbres. Nous nous rendons ensuite au Botanical Garden, extrêmement vaste et assez mal entretenu, divisé en plusieurs sections (japanese garden, ficus grove, rain forest, bambusetum, etc.).

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Bougainvillea Park

 

Nous ne le parcourons pas entièrement, et décidons de le quitter par une sortie latérale. Nous passons devant un couple accompagné d'une petite fille, assis pour un pique-nique. Nous les avons à peine dépassés de quelques mètres que l'homme nous rejoint et nous invite chaleureusement à prendre un thé en leur compagnie. Nous acceptons, et le thé s'augmente rapidement de quelques bouchées de nourriture. Après avoir échangé nos adresses, nous repartons dans l'intention de prendre un tuktuk pour la suite, mais la même petite famille sort elle aussi du parc, et nous propose de nous ramener dans sa propre voiture. Nous montons à bord, et au fil de la discussion, la femme nous invite à leur rendre visite chez eux à Patiala lorsque nous y serons dans quelques jours. Comme nous l'explique la femme, toutes ces attitudes sont des marques de respect, qui sont à l'évidence inscrites dans la culture indienne, mais elles se manifestent néanmoins avec une authentique chaleur humaine et sont offertes de tout cœur et dans le plus parfait désintéressement. Nous irons donc leur rendre visite.

De retour à notre hôtel, nous faisons une petite sieste qui nous mène à l'heure du repas du soir. Nous nous rendons à pied au Pomodoro, un restaurant qui nous attire plutôt par curiosité pour la carte italienne qu'il propose. La cuisine y est honorable et effectivement authentique, nous y dégustons des penne piccante et une escalope milanaise accompagnés... de mojitos (tout nous a été servi en même temps). Nous nous en sortons avec une ardoise indienne, l'équivalent de 17 euros pour nous deux.

Sur le chemin du retour, nous tombons sur l'arrivée en fanfare d'une voiture blanche fleurie à l'entrée d'un grand hôtel : un marié fait son entrée en grande tenue. Nous nous arrêtons pour prendre quelques clichés, et très vite un homme vient vers nous et nous demande si ce mariage nous plaît. Nous répondons avec enthousiasme, et l'homme nous invite séance tenante à nous joindre à la fête. Nous avançons donc en compagnie des familles et des invités officiels, assistons au couper de ruban qui permet au futur époux d'accéder à la salle de mariage, et pénétrons nous aussi dans l'espace de l'hôtel où est organisée la soirée.

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Au mariage          

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Nous y sommes accueillis comme de vieux amis par le beau-père et tous les invités présents. On nous sert à boire ainsi que différentes dégustations auxquelles nous essayons de faire honneur malgré nos estomacs pleins. On nous offre deux sièges au premier rang devant le double trône des mariés, et on nous entraîne sur la piste de danse où les plus jeunes invités se déchaînent sur le bhangra, la danse penjabi traditionnelle. Nous nous rasseyons et assistons à l'arrivée de la mariée, qui vient rejoindre son futur époux déjà installé sur son trône. La future a l'air très impressionnée, presque figée dans sa magnifique tenue richement brodée. Ils vont rester là une bonne partie de la soirée, à la merci des innombrables photographies et films en compagnie de tous les invités présents. Le buffet est annoncé dans la pièce adjacente. Tout a l'air succulent, mais nous nous contentons du dessert, que nous prenons à table avec d'autres invités. Nous assistons encore à la danse du couple avant de repartir vers notre hôtel, sans attendre la suite de la cérémonie, prévue bien plus tard dans la nuit.

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Cette expérience est un autre exemple de cette merveilleuse hospitalité désintéressée, qui nous porte à réfléchir sur nos propres comportements d'Européens individualistes et fermés.

Lundi 12 août

Sans doute est-ce la conséquence de la longue journée d'hier, mais nous n'émergeons que fort tard, passé 10 heures au moins. Notre objectif de visite du jour est le Pinjore Garden, un jardin moghol situé à une petite heure de Chandigarh, dans l'Haryana. Nous prenons un tuktuk pour le trajet aller-retour (800 roupies, soit 10 euros), et passons une bonne heure sur place à déambuler dans les belles terrasses de ce jardin impeccablement entretenu, d'où se dégage une atmosphère très apaisante, hors du temps.

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Pinjore Garden

 

Nous regagnons ensuite Chandigarh, et revenons dans notre chambre avec l'intention de s'y reposer un petit moment... mais nous n'ouvrons l'œil que bien plus tard, pratiquement à l'heure du repas. Pour celui-ci, nous choisissons de nous rendre à deux pas de là, au Pashtun (anciennement Khyber),où nous nous régalons de spécialités d'agneau : un khebab pathan, agneau grillé sur pierre de lave, et un gigantesque sikandhari raan, gigot d'agneau cuit à l'étouffée et flambé. Nous finissons la soirée au Wild West Bar du sous-sol, devant un vin et un whisky indiens.

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