Tables et voyages

Le restaurant Bouchéry est situé Chaussée d'Alsemberg 812A à Uccle. Il n'a pas d'étoile Michelin et arbore la note de 15/20 au Gault&Millau. L'établissement propose une première salle à l'avant, dans un un style scandinave épuré dans les tons de blanc, ainsi qu'une deuxième salle à l'arrière, au caractère un peu plus chaleureux et ornée de grandes sculptures de cordes tendues, où nous préférons nous installer.

Le restaurant fonctionne avec un menu unique, facturé 88 euros, et ne propose pas de wine pairing. Le sommelier nous suggère donc des vins au verre pour accompagner chaque plat. Pour l'apéritif, nous optons pour une coupe de champagne Cordeuil Millésime brut nature (15 euros), très séduisant. Il est accompagné d'un guacamole de pâtissons, d'un velouté de capucines et haricots verts plutôt fade, ainsi que d'un concassé de tomates avec sorbet à la feuille de figuier. Seule cette dernière dégustation éveille réellement nos papilles. 

Nous recevons notre premier vin, la cuvée 'Au dessous des nuages' 2020 (12 euros), un vin orange de chez Denis Hebinger. Ce très agréable assemblage de Gewurtztraminer, Pinot gris et Riesling accompagne un chou kale et un chou-fleur grillés à la flamme, chou rouge en kimchi, mayonnaise à l'angélique, graines de tournesol torréfiées et voile de riz. La préparation se distingue principalement par ses jeux de textures, les saveurs étant plus univoques.

On nous sert notre deuxième vin, une cuvée 'Vent d'ange' 2018, un Chablis naturel signé Thomas Pico (12,50 euros), à la fois minéral et iodé, qui nous séduit. Dans notre assiette, un hommage à la Bretagne, avec huître de Cancale pochée, moules de bouchot, algues, concombre, mini-concombre, ballottine d'algues avec géranium herbe à Robert et consommé marin servi froid à l'huile de berce. Un plat agréable, avec un beau jeu de textures et de saveurs, très bien secondé par les notes salines du Chablis.

La boisson suivante est un saké nature 2016 (11 euros) produit par une brasserie du 17e siècle. Une proposition originale pour accompagner notre assiette déclinant trompettes de la mort, gnocchis, pesto vert et achillée millefeuille, agréable. 

L'assiette suivante est une composition autour de la betterave Chioggia avec réglisse, noix fraîches, oseille, sauce au vin rouge et à la mûre. Une préparation à l'image des précédentes, c'est-à-dire visant à combiner des végétaux originaux, mais pour un résultat somme toute peu signifiant. Dans notre verre, une cuvée 'Alliance', un assemblage de Grenache, Gamay et Syrah du domaine de l'Iserand (9,50 euros), expressif sur les fruits rouges et les notes d'épices douces, en belle harmonie avec la sauce.

Le vin suivant est un Château Le Puy, Emilien 2018 (12,50 euros), un vin de France non filtré lui aussi judicieusement choisi. Il accompagne une préparation de canard, girolles, courgettes, physalis et jus de canard.

Nous voici arrivés au dessert, des tomatillos avec myrtilles, pâte filo, fenouil anisé, noisettes fraîches, sorbet aux peaux de melon confites et oxalys. Pour l'accompagner, un verre de 'Splash' (10,50 euros), un vin blanc pétillant naturel du château Barouillet, très gourmand.

Nous prenons encore un espresso (5 euros) puis demandons l'addition.

En résumé, nous avons passé un plutôt bon moment de table chez Bouchéry. Même si nous avons admiré la qualité indéniable des produits mis en œuvre, nous aurions toutefois espéré une cuisine plus goûteuse. Le chef reste sage et peine à créer l'effet wow attendu lorsqu'on s'attable dans un établissement précédé d'une certaine réputation. Dommage, car pour 178 euros par personne, nous aurions pu trouver ailleurs de quoi nous extasier. Nous étions par contre enchantés par les vins judicieusement choisis par le sympathique sommelier.

Faut-il aller chez Bouchéry ? Pour le même prix, d'autres adresses proposent une expérience culinaire plus intense.