Mercredi 3 janvier
Le petit déjeuner de l'hôtel est un vaste buffet de spécialités indiennes. Une fois rassasiés, nous louons les services d'un tuk-tuk pour la visite de l'île. Notre rickshaw wallah nous dépose tout d'abord au petit temple Gangeshwar Mahadev, aménagé tout au bord de la mer. Cinq lingams sont alignés dans un renfoncement de rochers, et sont parfois à demi immergés lors de marées hautes. Nous poursuivons ensuite jusqu’au mémorial INS Kukhri, hommage à une frégate coulée par un sous-marin pakistanais en 1971. On accède par une allée sinueuse à une réplique de la frégate exposée au sommet d'un promontoire. Dans un champ, tout à côté, de gigantesques turbans fraîchement teintés sèchent au soleil.
Nous enchaînons avec une petite promenade à pied sur les remparts de la ville de Diu, d'où nous bénéficions d'une vue plongeante à la fois sur la mer et sur le pittoresque quartier Panchwati. Nous reprenons notre tuk-tuk, et faisons une halte à l’église Saint-Paul, également connue sous le nom d'église de l'Immaculée Conception : un magnifique exemple de l'architecture baroque en Inde. Derrière sa grande façade blanche élaborée, nous découvrons le maître-autel, dominé par la statue d'une Vierge au traits indiens.
Nous passons ensuite devant le fort, malheureusement fermé pour travaux. Cette imposante construction est entourée de douves alimentées par les marées, et était jadis considérée comme l'un des forts portugais les plus importants d'Asie. Nous franchissons la Zampa Gate, une arche de pierre qui perce les fortifications, à l'ouest de la ville. Nous poursuivons notre excursion jusqu’à Notre-Dame de Los Remedios, une église presque désaffectée non dépourvue de charme.
Nous partons à l’autre bout de l’île en direction de Vanakbara, un pittoresque petit village de pêcheurs. Nous passons d’abord près de la plage Gomti, au sud du village, à laquelle on accède par quelques arches de pierre rose. Tout à côté, dans l'ombre, une petite école. Nous perturbons quelques peu l'attention des élèves en prenant nos photos. Nous déambulons ensuite dans les rues du village bordées de modestes maisons de pierre, avant d'atteindre le port, un énorme enchevêtrement de gros bateaux de pêche en bois colorés, tant sur l’eau qu’à sec. Des poissons sèchent en plein air, suspendus sur les ponts des bateaux.
Nous revenons à l'hôtel, et donnons l'équivalent de 22 euros à notre wallah pour ce long périple avant de rejoindre notre chambre pour un peu de repos.
Pour notre dîner, nous commençons par un cocktail tricolore, hommage direct au drapeau national, puis commandons deux plats de crevettes, 'Diu style' et biryani. Ces préparations, parfaitement cuites, sont aussi délicieuses que celles de la veille.
Jeudi 4 janvier
Nous prenons notre petit déjeuner à l’hôtel, puis partons en voiture avec chauffeur (55 euros) pour Palitana, notre étape suivante. Le Vijay Vilas Palace (55 euros la chambre, dîner et petit déjeuner inclus) est une ancienne bâtisse de caractère restée dans son jus... à l’instar de la propriétaire des lieux, une vieille dame très énergique clairement habituée à régenter sa maisonnée d'une main de fer. Tout de go, celle-ci nous déclare qu’elle n’a pas reçu notre réservation, alors même que nous lui montrons notre preuve de paiement. Elle accepte néanmoins de nous ouvrir une chambre. Nous y déposons nos affaires et partons immédiatement pour notre destination du jour.
Dominant la petite ville de Palitana, la colline de Shatrunjaya, au sommet de laquelle sont rassemblés environ 800 temples jaïns, constitue le lieu de pèlerinage le plus important pour les adeptes de cette religion, l'équivalent de la Mecque pour les musulmans. Un tuk-tuk nous dépose au pied de la colline, à proximité d'un des deux points de départ pour l'ascension, le plus court et le plus escarpé. Un vieil homme s'approche et nous invite à le suivre pour prendre un café dans sa très modeste maison. Notre hôte parle exclusivement gujarati, et nous n'échangeons que quelques mots (entrecoupés de longs silences et de grands sourires) grâce à l'intervention d'une des jeunes filles de la maison, qui parle un peu hindi... Comme à l'accoutumée, notre invitation dans une famille indienne agit comme un aimant auprès des voisins qui se rassemblent par dizaines pour le seul plaisir de nous voir. Nous dégustons donc notre café devant un public nourri.
Un des hommes présents nous prend sur sa moto afin de nous emmener au plus près du départ des 3 300 marches que nous gravissons pour atteindre le sommet. Il nous faut un peu plus de deux heures d'efforts pour y parvenir, l'épreuve étant rendue plus rude encore en raison de la température - plus de 30 degrés à l'ombre, alors que l'essentiel de l'ascension se fait en plein soleil. Nous ponctuons notre montée de quelques haltes aux points d'eau (et d'ombre) aménagés à l'attention des pèlerins.
Au sommet, nous découvrons une véritable forêt de temples, agglutinés autour d'un lacis de ruelles et passages. Un endroit unique, hors du temps et de l'espace. Bravant l’interdiction placardée çà et là, Daniel prend discrètement quelques clichés. Un des 'guides' qui surveille le site interpelle Catherine et la prie de bien vouloir lui montrer le contenu de son appareil photo afin de vérifier qu'aucune photo n’a été prise... et de pouvoir, éventuellement, empocher l’amende de 500 roupies (5,5 euros) qui va de pair. Tandis que Catherine s'exécute, Daniel retire la batterie de son appareil photo pour parer à toute éventualité, et nous poursuivons notre visite en toute quiétude.
Nous redescendons par la route la plus longue, mais moins escarpée (3 800 marches). Nous croisons de nombreux binômes de porteurs qui transportent à la force de leurs épaules des visiteurs âgés, installés sur une chaise suspendue à un épais bambou (dhola).
Nous regagnons la ville après deux autres heures de descente, et nous nous offrons chacun une noix de coco dont l’eau rafraîchissante et isotonique est plus que bienvenue. Un tuk-tuk nous ramène ensuite à notre hôtel.
En notre absence, notre hôte, ayant poursuivi ses investigations, a découvert que Catherine avait réservé par mégarde une chambre dans un hôtel homonyme... mais situé à Mandvi, à plus de 440 kilomètres de Palitana. Nous nous excusons bien volontiers de notre erreur, et notre hôte accepte de facturer notre séjour aux mêmes conditions que celles que nous avions prévues.
Nous prenons notre dîner seuls, attablés dans une salle à manger qui dut certainement connaître son heure de gloire quelques décennies plus tôt. On nous sert un repas familial de bonne facture composé de cinq ou six plats, de riz et de chapatis, que nous dévorons avec un appétit décuplé par nos efforts du jour.