Jeudi 28 décembre
Après notre ultime petit déjeuner au Desert Coursers, Armaan nous dépose à l'arrêt du bus en direction de Bhuj, notre prochaine étape. Le trajet est direct, mais assez long (six heures et demie de route, pour environ 1,5 euros par personne), et nous sommes malheureusement contraints de supporter l'éprouvant bavardage du conductor (contrôleur), qui s'adresse au chauffeur sans discontinuer d’une voix tonitruante entrecoupée de rires quasi hystériques. Nous sommes donc soulagés lorsque nous atteignons Bhuj, vers 15h30, et gagnons en tuk-tuk le Regenta Resort (155 euros pour deux nuits), un hôtel neuf et assez impersonnel, mais confortable.
Après une douche salutaire, nous louons les services d’un tuk-tuk pour la visite des environs. Le chauffeur nous amène d’abord à Bhujodi, au Vande Mataram Memorial, sorte de "Gandhi-land" plutôt kitsch bordé de boutiques de tissus. Nous regrettons nos 200 Rps d’entrée (environ 2,2 euros), et ressortons assez rapidement. Dans l’intervalle, notre chauffeur a disparu, mais un autre rickshaw wallah nous assure qu'il va revenir sous peu, et nous invite à patienter confortablement assis dans son propre tuk-tuk. Il partage avec nous son modeste repas, nous tend sa bouteille d’eau pour nous laver les mains.... la gentillesse personnifiée. Comme annoncé, notre chauffeur réapparaît et nous conduit jusqu’au Swaminarayan Temple, reconstruit après le tremblement de terre de 2001. Les sculptures de ce temple immaculé sont aussi fines que celles de sanctuaires plus anciens : les techniques ancestrales ne se sont pas perdues. Nous poursuivons encore jusqu’au marché de Bhuj où règne une grande animation malgré l’heure tardive, puis rentrons sagement à l'hôtel pour une bonne nuit de sommeil, en prévision de la longue journée prévue pour le lendemain.
Vendredi 29 décembre
Nous prenons très tôt notre petit déjeuner à l’hôtel, un vaste et savoureux buffet gujarati offrant un large choix de préparations salées et sucrées. Nous montons ensuite dans la voiture avec chauffeur réservée pour la journée (55 euros) afin d'explorer le grand Rann de Kutch. Nous empruntons la Road to Heaven : trente kilomètres de route pratiquement rectiligne qui fendent le paysage hors du commun d'un des plus grands désert de sel du monde, où se confondent la lumière du ciel et sa réflexion sur la surface claire et brillante qui s'étend à perte de vue. Nous faisons une halte, et avisons un groupe de touristes indiens qui revêtent les coruscantes parures locales louées pour quelques roupies, le temps d’une photo. Nous les rejoignons, et admirons la beauté de ces tissus magnifiés par la blancheur du sel.
La Road to Heaven mène à Dholavira, un site archéologique découvert dans les années 60. Il s’agit de l’une des cités les plus anciennes au monde, construite par la civilisation harappéenne il y a près de 5000 ans. Ce site remarquable se caractérise par un urbanisme sophistiqué, avec fortifications, systèmes de drainage et réservoirs d’eau. Le système de gestion de l’eau est particulièrement impressionnant et indique une compréhension avancée de l’ingénierie hydraulique.
Nous reprenons la voiture pour rejoindre Kalo Dungar, ou colline noire, qui culmine à 462 mètres et offre une vue panoramique sur le grand Rann de Kutch. On accède au point de vue en gravissant une route bordées d'échoppes qui proposent les tissus de la région. L'endroit attire tous les touristes indiens de la région, qui se divertissent d’une promenade à dos de dromadaire.
Nous poursuivons notre route jusqu’au Rann Utsav, un extraordinaire festival annuel qui dure entre 3 et 4 mois et permet de découvrir la culture locale sous toutes ses formes : artisanat, gastronomie, musique et danse. Nous passons une bonne heure à explorer cette gigantesque ville de tentes et d'éventaires avant de nous diriger vers le White Rann, une zone spécifique du grand Rann envahie de touristes qui s'adonnent à de nombreuses activités ludiques : promenades dans des carrioles attelées de dromadaires, paramoteurs, quads, etc. Nous arrivons juste à temps pour le coucher du soleil, qui disparaît sous l'horizon en quelques minutes, laissant une lumière fantomatique baigner l'océan de sel blanc.
L'heure est venue de reprendre le chemin de notre hôtel, où nous arrivons vers 20h15. Épuisés par cette longue journée, nous nous contentons d'un simple jus de fruit en guise de repas du soir avant de regagner notre chambre.