Tables et voyages

Dimanche 14 juillet / lundi 15 juillet : Bruxelles - Paris - Jeddah - Jakarta - Medan

Nous quittons Bruxelles en voiture vers 9h30 du matin, et arrivons à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle un peu moins de trois heures plus tard. Depuis le parking PW (280 euros pour les trois semaines de notre voyage), il nous faut deux bonnes heures pour atteindre la zone duty free en raison de la longueur du trajet et de la file aux services de douane. Le temps d'avaler un croque-monsieur et des rillettes, accompagnés de deux verres de Saumur-Champigny, et le moment est venu d’embarquer. Notre vol de près de six heures sur Saudi Airlines se déroule sans encombre, mais nous regrettons néanmoins l'absence absolue de boissons alcoolisées... et la plus que piètre qualité de la nourriture servie à bord. Nos charmantes hôtesses sont coiffées d’une toque prolongée d’un hijab. Une bonne demi-heure avant l’atterrissage, on nous annonce que, par la grâce d'Allah, nous approchons de la Mecque, et qu’il est temps de pratiquer le Salat al-Musafir, la (courte) prière spécifique des musulmans en voyage.

Nous voici à l'aéroport de Jeddah, avec plus de trois heures d'attente à tuer suite au retard annoncé de notre vol pour Jakarta. Ce retard risque d'impacter notre correspondance suivante, et nous réservons nos places à bord d'un vol plus tardif à destination de Medan, pour toute sécurité. Nous nous attablons ensuite au Hijazi Goodies, et nous régalons d'une délicieuse chakchouka et d'un généreux houmous, accompagnés de jus de fruit et suivis de cafés turcs, le tout pour 132 riyals saoudiens (environ 31 euros).

Notre attente se termine enfin, et nous embarquons pour le long vol de 10 heures qui nous mène à Jakarta, où nous atterrissons le lundi 15 juillet vers 18 heures. Comme nous voyageons léger, sans bagages en soute, et que les formalités de douane se déroulent plus rapidement que prévu, nous attrapons tout de même le vol initialement prévu à destination de Medan, lui-même légèrement retardé. Les billets de notre vol de sécurité n'étant pas remboursables, nous aurons donc dépensé 200 euros en pure perte.

Après un dernier vol de 2 heures et demie, nous atterrissons à Sumatra. Metha, notre charmante guide, nous accueille chaleureusement à la sortie de l'aéroport. Une voiture avec chauffeur nous attend un peu plus loin, et nous prenons la direction du Deli River, notre hôtel situé à 37 km de l'aéroport. Après les 34 heures de cet interminable voyage, la fraîcheur et le confort de notre lit sont plus que bienvenus, et nous profitons d'une bonne première nuit de sommeil en Indonésie.

Mardi 16 juillet : Medan - Bohorok

Nous découvrons notre premier petit déjeuner indonésien. Au menu, plusieurs fruits frais, dont du ramboutan dont le goût rappelle à la fois le litchi et le raisin. On nous sert quelques préparations épicées, puis un bubur sumsum en guise de dessert, une sorte de porridge au pandan à base de tapioca.

Nous prenons la route à 10 heures tapantes, et commençons par une visite de l'Istana Maimun, le palais royal de Medan. Cet édifice symétrique, assez élégant et construit en 1888, a clairement connu des jours meilleurs. Son entretien est manifestement réduit à sa plus simple expression, et de nombreuses échoppes squattent les salles principales du bâtiment, en ce compris la salle du trône. Les anciens jardins environnants ne sont plus qu'une zone d'herbe pelée, destinée à accueillir différentes manifestations et spectacles.

Lorsque nous sortons du palais, nous sommes accostés par un groupe d'étudiants qui, dans le cadre de leur formation, nous interrogent à propos du tourisme en Indonésie. Nous nous prêtons de bonne grâce à leur interview, même si notre expérience touristique de l'Indonésie n'en est encore qu'à ses balbutiements...

Nous visitons ensuite la mosquée Raya Al-Mashun, la grande mosquée de Medan. Le bâtiment date du tout début du 20^e siècle, et faisait à l'origine partie du complexe du palais. Son architecture octogonale combine les styles indien, espagnol et moyen-oriental. Plusieurs groupes de femmes sont présents sur les lieux, et ces dernières se pressent autour de nous pour une longue série de photos souvenirs.

Nous visitons enfin le temple Gunung Timur, un temple bouddhiste chinois datant des années 60, joliment décoré et érigé face à la rivière Babura, avant de prendre la route en direction de Bohorok, notre étape du jour.

Vers 13 heures, nous faisons halte à Binjai, au Pondok Puno Kawan. Nous y dégustons un satay de poulet et un tilapia grillé, accompagnés d'un jus de fruit du dragon et d'un jus de mangue. Un repas correct, sans plus.

Plus loin, en chemin, nous avisons un homme qui coupe les feuilles des palmiers à huile à l'aide d'une serpe fixée au bout d'une immense perche. Un travail particulièrement pénible, alors que la température dépasse largement les 30 degrés. Son salaire mensuel est de 3 millions de roupies, soit l'équivalent de 170 euros. À peine la moitié du salaire moyen en Indonésie...

Il est 4 heures de l'après-midi lorsque nous atteignons Bukit Lawang et notre écolodge situé à l'orée du parc national de Gunung Heuser. Nous découvrons notre jolie petite chambre toute simple avec lit à moustiquaire, meubles en bambou et vue sur la rivière Bohorok.

Nous prenons un peu de repos, puis partons au bord de la rivière pour y tremper nos pieds, l'eau étant trop froide pour une baignade en bonne et due forme.

Nous nous attablons ensuite au restaurant de l'hôtel, une très jolie structure de bambous en forme de proue de navire. La salle du restaurant est surmontée d'un agréable étage de détente.

En guise d'apéritif, nous nous offrons une Bintang, la plus populaire des bières indonésiennes, ainsi qu'un excellent cocktail. Pour le repas, nous optons pour un poisson et du poulet frit, deux préparations banales et peu savoureuses.

Mercredi 17 juillet : Bohorok

Nous démarrons la journée avec le petit déjeuner de l’hôtel : pancake, fruits et café. À huit heures pile, Metha nous rejoint et nous emmène pour notre trek à la rencontre des orangs-outans, sous la conduite d'un ranger. Le chemin sinue dans la jungle, et s'élève peu à peu. Nous traversons une plantation de caoutchouc, et admirons dans le creux d'une branche un jeune bulbul orphée confortablement blotti dans son nid.

Très vite, nous apercevons quelques semnopithèques de Thomas ainsi que des semnopithèques à coiffe. Chez ces derniers, les petits arborent une fourrure rousse,  qui vire au gris argenté pour les adultes.

Nous croisons également quelques bandes de macaques à queue de cochon, en quête de nourriture. Autour de nous, la jungle étend son infinie diversité végétale. Dans un océan de verts et de bruns, les tulipiers du Gabon étalent leurs gigantesques cascades éclatantes de fleurs orange.

Soudain, précédé par un mouvement dans le feuillage, surgit notre premier orang-outan au pelage rouille intense. Nous passons un certain temps à l'observer se déplacer paisiblement de branche en branche avant de disparaître.

L'heure de la pause a sonné. Nous nous installons en rond autour d'une grande feuille de plastique étendue sur le sol par notre ranger, qui y dépose de nombreux fruits soigneusement coupés et présentés: mangoustans, fruits du dragon, papayes, ramboutans, fruits de la passion, etc. Nous nous rassasions de tous ces délices avant de reprendre la route.

En chemin, nous croisons d'autres animaux, dont un grand paon peu farouche et un splendide calao bicorne.

Nous admirons aussi un gigantesque Agathis dammara (pin dammara), dont la résine, appelée Copal de Manille, entre dans la composition de nombreux produits : laques, vernis, peintures, etc. Un peu plus loin, le tronc d'un méranti porte les marques profondes des griffes d'un ours à miel.

Le soleil est au zénith, la chaleur de plus en plus intense, et nous transpirons tous à grosses gouttes alors que le chemin redescend et que nous approchons d'un bras de la rivière, étape finale de notre randonnée. Notre effort est récompensé par l'apparition de plusieurs orangs-outans qui viennent littéralement poser devant nos objectifs, à quelques mètres à peine, juste au bord de l'eau.

Nous traversons la Bohorok à gué et nous installons à l'ombre de l'autre rive pour notre pique-nique. Au menu, riz frit accompagné de quelques légumes, et un ananas frais. Nous nous reposons de notre longue marche avant de prendre place à bord de grosses bouées reliées entre elles pour descendre la rivière en tubing jusqu'à rejoindre notre hôtel, que nous atteignons vers 15 heures.

Nous retrouvons avec plaisir l'ombre et la fraîcheur de notre chambre. Après une douche bienfaitrice, nous nous octroyons une longue sieste, ponctuée par les bruyantes galopades des singes sur le toit en tôle de notre pavillon.

L'heure de l'apéritif a sonné, et nous nous rendons au bar du restaurant pour y siroter deux cocktails... qui évoquent plutôt de grands jus de fruits, compte tenu de la très faible proportion d'alcool.

Nous recevons notre jungle food, un plat traditionnel commandé la veille : poulet bouilli accompagné de pousses de bananier et de pommes de terre cuites dans du lait de coco. Les pousses de bananier sont une belle découverte gustative, d'une agréable texture et d'un goût léger de banane tendre. Le reste de l'assiette, par contre, est inintéressant, voire insipide.