Dimanche 16 juillet
Pour rejoindre Hakone, notre destination du jour, nous enchaînons les moyens de transport. Nous effectuons un premier bref trajet en métro de Suidobashi à Ochanomizu (ligne jaune (JB)). Un second métro (ligne rouge (JC)) nous emmène à la Tokyo Station, d’où part le Shinkansen Hikari 637 en direction d'Odawara, où nous arrivons une demi-heure plus tard. De là, le charmant petit train de montagne de la ligne Hakone Tozan nous mène à la gare de Hakone Yumoto en un bon quart d'heure. Pour terminer, un taxi nous dépose à notre hôtel pour un peu moins de 4 euros. Le Tonosawa Ichinoyu Shinkan est un ryokan, soit une auberge traditionnelle. Une nuit plus repas kaiseki et petit déjeuner revient à un peu plus de 200 euros.
Notre chambre n’étant pas encore disponible, nous partons directement en taxi (44 euros) jusqu’au lac Ashi, l'attraction majeure de la région. Formé dans un cratère volcanique et entouré de montagnes et volcans, le lac fait environ 20 kilomètres de circonférence et il est possible d’y effectuer une petite croisière. Nous disposons du Hakone Free Pass, l'équivalent local du JR Pass, et tous les transports en commun sont inclus, y compris le bateau du lac. Nous montons à bord d'une réplique kitsch de galion espagnol, et profitons de la balade malgré la brume de chaleur qui bouche le paysage.
Nous accostons au bout d’une demi-heure de navigation, et décidons de poursuivre à pied jusqu’au torii de la paix, un grand portail vermillon situé un peu plus loin sur la rive du lac. Ce torii pluriséculaire constitue un symbole de séparation entre le monde physique et le monde spirituel, mais la foule qui se presse pour prendre des photos semble moins préoccupée par l’aspect emblématique des lieux que par la pose la plus instagrammable possible devant l’objectif...
Nous prenons un bus pour revenir à la gare de Hakone Yumoto, puis un taxi pour franchir les 800 mètres escarpés qui nous séparent de notre ryokan.
Nous découvrons l'aménagement sobre de notre chambre traditionnelle : deux futons déposés sur des tatamis, une table basse avec deux coussins déposés sur le sol et une alcôve décorative. Un yukata (kimono en coton) nous est également fourni. Notre chambre dispose aussi d’un onsen (bain alimenté par une source chaude géothermique) privé, aménagé sur la petite terrasse extérieure. L'eau est extrêmement chaude, plus de 40 degrés, et nous n'y restons pas longtemps.
L’heure du dîner est venue et, vêtus de nos confortables yukatas, nous nous présentons à l'entrée du restaurant traditionnel de notre ryokan. On nous installe à une table richement garnie d’une multitude de plats : sashimi, tofu, crème de maïs, petit réchaud avec crevettes et champignons, légumes divers et shabu-shabu de bœuf et de porc. Un délicieux saké accompagne ce kaiseki. Nous pensions avoir reçu tout notre repas d'un coup lorsqu’arrive un magnifique sébaste, aussi imposant que délicieusement préparé, que nous dégustons plus par gourmandise que poussés par la faim. Plus tard encore, nous recevons un minuscule dessert composé de mangue et de gelée de pastèque. Nous apprécions chaque bouchée de ce remarquable moment de table, pris dans un décor authentique quelque peu vieillissant, parmi d'autres clients japonais.
Pour terminer la soirée, nous essayons l’onsen public de l’hôtel, où la température de l'eau s'avère plus supportable que dans notre chambre. Il ne nous reste plus qu'à regagner nos futons pour une bonne nuit de sommeil.
Lundi 17 juillet
Nous réenfilons nos yukatas et rejoignons le restaurant pour découvrir notre petit déjeuner, un buffet constitué de multiples préparations japonaises : sashimi, poissons, viandes, légumes, soupes et desserts à profusion. Impossible de tout goûter, mais nous effectuons une savoureuse petite sélection.
Pour nous rendre à Owakudani, nous utilisons notre Hakone Free Pass et montons à bord du train reliant Hakone Yumoto à la station de Gora. De là, nous prenons le funiculaire jusqu’à Sounzan, puis le téléphérique de Sounzan à Owakudani. Nous découvrons les flancs dénudés du volcan Kamiyama, d’où émanent des fumerolles de gaz sulfureux. Dans l’air plane l'odeur caractéristique d'œuf pourri du soufre, et le sol nu est jaune vif par endroits.
Après avoir contemplé ce paysage dantesque un long moment, nous nous installons au restaurant du téléphérique pour y déguster le curry typique d’Owakudani, inspiré du paysage volcanique de l'endroit, que nous accompagnons d'une bière et d'un chūhai à base d'umeshu (liqueur de prune) et de soda.
Nous effectuons le trajet inverse en téléphérique et funiculaire. Nous marchons ensuite jusqu’au Hakone Open Air Museum (moins de 9 euros par personne avec la réduction du Hakone Pass), qui présente une centaine de sculptures contemporaines, notamment de grands noms français tels que Rodin, Bourdelle, Nikki de Saint Phalle ou César, mais aussi d’artistes japonais dont le nom nous est moins familier : Mizui, Inoue, Shingu, Nagatani,... Malgré la chaleur, la promenade est agréable, car l’écrin de nature met pleinement en valeur les œuvres présentées.
Le musée propose également un remarquable pavillon entièrement dédié à Picasso : peintures, sculptures, dessins et céramiques.
Nous reprenons le train à Gora et descendons à Tonosawa, une adorable petite gare à deux pas de notre hôtel. Nous regagnons avec plaisir l'ombre et la fraîcheur de notre chambre pour un temps de repos.
Comme la veille, de nombreux mets froids trônent sur notre table du restaurant. Notre shabu-shabu est cette fois-ci dédié au poisson. Nous recevons en outre deux autres plats de poisson ainsi qu’une délicieuse préparation de bœuf, le tout arrosé de saké froid. Un petit dessert vient clôturer ce savoureux repas.
Pour notre dernière soirée à Hakone, nous nous rendons à l’onsen Yuryo (12 euros par personne), situé en face de notre ryokan. Comme pour tous les onsens traditionnels, l'accès mixte n'est pas autorisé et nous découvrons donc séparément un espace particulièrement élégant. Après les ablutions d'usage, on commence par un bain d’eau à température corporelle, avant de s'immerger dans l'eau plus chaude de 5 ou 6 bassins extérieurs, tout en profitant des arbres et de la nature environnants, malgré la nuit déjà tombée.
Nous voilà parfaitement détendus, prêts à rejoindre nos futons.