Le restaurant Le Coq aux Champs est situé rue du Montys 71 à Soheit-Tinlot, dans la région liégeoise. Le chef Christophe Pauly arbore une étoile Michelin et a été désigné Chef de l'année 2021 par Gault&Millau, qui lui attribue la note de 17,5. Les attentes sont donc élevées. Nous découvrons un cadre qui se veut moderne, mais dont l'ambiance froide ne parvient pas réellement à séduire. En ce vendredi soir, l'établissement propose un menu en 5 services facturé 100 euros + 45 euros pour l'assortiment vins, ainsi qu'un menu en 6 services à 125 euros + 54 euros pour les vins, pour lequel nous optons. Pour l'apéritif, nous commandons une coupe de Louis van't Hooghof brut, une méthode traditionnelle blanc de noirs, 100% Pinot noir.
Les premières dégustations proposent une cristalline de cèpe et sapin, sorte de chips un peu trop sucrée ; une tartelette de radis et omble chevalier fumé ; et un cromesquis de foie gras, gelée à la figue. Les saveurs, plutôt agréables, sont globalement peu affirmées.
La dégustation suivante est une royale de langoustine, mousseline de champignon et reine des prés. Le goût est intéressant, mais nous déplorons la texture assez ennuyeuse : un peu de crunch aurait été le bienvenu.
On nous sert notre premier vin, un Battenfeld Spanier 2021, Weisburgunder Réserve, un vin allemand à la bouche douce et délicate. Il accompagne une 'collection potagère' à base d'asperges de Provence, châtaignes et truffe, agrémentée d'un jaune d'œuf crémeux au centre. Un plat bien exécuté et savoureux, très classique et sans surprise.
La sommelière nous sert notre deuxième vin, un Domaine Garrabou Fontvieille, un 100% Chardonnay assez frais du Languedoc. Il accompagne un turbot de la mer du Nord, huître d'Ostende, pomme de terre et beurre blanc, une préparation d'inspiration traditionnelle également bien exécutée, qui séduit les amateurs d'huîtres.
Pour suivre, nous recevons un vin corse du domaine Vecchio de Florence Guidicelli, un 100% Vermentino offrant beaucoup de fraîcheur et des notes fumées. Il accompagne parfaitement la féra du lac Léman cuite au sel et légèrement fumée, servie avec betterave, crème raifort et ache de montagne (livèche sauvage). Nous apprécions particulièrement la superbe mise en œuvre du poisson et la préparation de la betterave, mais déplorons la présence inexplicable des œufs de saumon qui, bien que créant un jeu de texture, font ombrage à la féra et manquent singulièrement de raffinement.
L'assiette suivante propose des Saint-Jacques de Dieppe avec coques, noix, vin jaune et chicons. Dans notre verre, un Viognier du Luberon du domaine Val Joanis, qui relève le chicon et adoucit l'amertume, nous précise-t-on. Si les Saint-Jacques sont parfaitement cuites, elles souffrent malheureusement de la présence trop importante du chicon, au détriment du raffinement et de l'équilibre du plat.
Notre vin suivant est un Madiran Domaine Laougué, à base Tannat et Cabernet franc, assez rond avec des notes de fruits rouges. Il accompagne une selle d'agneau rôtie au feu de bois, morilles, ail rose, panisses. Un plat bien exécuté, propre et satisfaisant, mais ne laissant pas de souvenir impérissable.
Catherine opte pour la préparation de comté 36 mois cuisiné en mousseline légère avec poire et noisettes, et sur le côté, le fromage affiné servi avec une tranche de pain aux noix maison et un gel aux coings (+ 10 euros en remplacement du dessert). La mousseline présente une texture plutôt inintéressante. Pour l'accompagner, un Rioja du domaine Osoti, tempranillo blanc, fleurs blanches et fruits compotés, qui accompagne bien l'assiette.
Daniel choisit le dessert, l''idée d'une Forêt-Noire', composé de deux crémeux, un à la vanille et l'autre au chocolat, d'un sorbet à la cerise et d'un crumble de chocolat. Un bon dessert, accompagné d'un Maury 2021 du Domaine des Soulanes.
Pour terminer, nous commandons un espresso, qui arrive accompagné de mignardises : Peps, le plat signature du chef, composé de sorbet pomme et oseille, yaourt et meringue aux herbes ; un sorbet bonbon violette ; un financier à partager ; et un petit prince crème de citron vert et fraise. Nous apprécions particulièrement le Peps.
En résumé, nous ressortons avec un sentiment mitigé. Abstraction faite du cadre froid et impersonnel, nous avons déploré, outre une originalité peu affirmée, la fadeur de certaines préparations et la monotonie des textures de plusieurs préparations. Le chef reste sage, peut-être trop consensuel, et ne parvient pas à susciter en nous l'enthousiasme que nous attendons de la part d'un établissement multi-récompensé. Nous avons par contre apprécié les vins, toujours judicieusement choisis. Notons cependant que la quantité servie est parcimonieuse par rapport à ce qu'on reçoit généralement dans le cadre d'un assortiment vin, et qu'on ne nous ressert jamais. Par ailleurs, les explications des plats sont laconiques et se bornent à citer l'intitulé figurant sur le menu. La sommelière est d'ailleurs à peine plus prolixe. Pour une addition de 209 euros par personne absolument tout compris, le rapport qualité-prix n'est pas vraiment à la hauteur.
Faut-il aller au Coq aux Champs ? On trouve clairement mieux ailleurs... et pour moins cher.